Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion affirme qu'il ne veut pas mettre en danger les sources qui donnent au gouvernement des informations sensibles sur l'état des droits de la personne dans leur pays respectif.

M. Dion répondait ainsi à la clameur publique grandissante au sujet de la décision du gouvernement de permettre à une entreprise ontarienne de vendre pour 15 milliards $ de véhicules blindés légers à l'Arabie saoudite malgré son bilan discutable en matière de respect des droits de la personne.

En raison de ce contrat, Amnistie internationale a demandé au gouvernement de dévoiler une analyse fédérale interne sur le respect des droits de la personne en Arabie Saoudite.

M. Dion a dit lundi qu'il voudrait rendre publique une version censurée du rapport et a demandé l'aide de ses fonctionnaires pour voir comment procéder.

Il a précisé que ces analyses sont réalisées pour usage interne et sont classifiées. Il a dit qu'il serait heureux, sur demande, de dévoiler des versions non classifiées de ces analyses, expliquant qu'il voulait s'assurer de la sécurité des sources identifiées dans les documents.

Affaires mondiales Canada est en train de mettre à jour son analyse de 2011 sur l'Arabie saoudite.

Le Canada fait des analyses régulières des pays étrangers, mais ne réalise pas de rapports tous les ans, notamment en raison du rythme lent des changements dans plusieurs pays.

L'analyse actuelle de la situation en Arabie Saoudite pourrait compter plus de 50 pages, a déclaré un responsable canadien sous le couvert de l'anonymat.

Les libéraux ont hérité des conservateurs d'un système de rapports sur les droits de la personne qui encourageait les informations honnêtes provenant de l'intérieur de chaque pays, dans lesquels étaient nommés les individus et les organisations qui contribuaient aux analyses, a ajouté ce responsable.

Les rapports ont donc été classifiés pour protéger les sources contre d'éventuelles représailles.

Des responsables fédéraux ont déclaré au premier ministre Justin Trudeau que les intérêts économiques et de sécurité du Canada pourraient être bien servis par le renforcement des liens économiques avec le géant du pétrole qu'est l'Arabie saoudite en raison de sa position influente dans le golfe Persique.

Cet avis apporte une certaine lumière sur les raisons qui ont incité les libéraux à continuer à rejeter les appels à l'annulation de la vente de véhicules blindés canadiens en Arabie saoudite après l'exécution, au début de l'année, de 47 personnes, incluant un chef religieux chiite.

Lors de la récente campagne électorale, l'ancien premier ministre Stephen Harper et Justin Trudeau avaient tous deux soutenu le contrat.

Les rapports sur les droits de la personne en Arabie saoudite s'entendent généralement pour condamner ce pays. Ils citent la discrimination contre les femmes et les minorités et une intolérance envers la dissidence.

La blogueur saoudien Raif Badawi, dont la femme et les enfants vivent maintenant au Québec, purge actuellement une peine de prison de 10 ans et a été condamné à 1000 coups de fouet pour sa critique des dirigeants religieux saoudiens.