Le gouvernement Trudeau a profité de son tout premier discours du Trône vendredi pour marquer une rupture de ton et de priorités avec l'ancien régime conservateur.

Baisses d'impôts à la classe moyenne, investissements dans les infrastructures, réforme de l'assurance-emploi, protection de l'environnement, meilleures relations avec les peuples autochtones: le discours lu par le gouverneur général David Johnston au Sénat fait écho aux nombreuses promesses des libéraux de Justin Trudeau durant la dernière campagne électorale.

Ce discours accorde aussi une place importante au désir de changement exprimé par les électeurs canadiens le 19 octobre. « Le programme présenté aujourd'hui est certes ambitieux, mais il n'a pas été élaboré en vase clos. Il s'agit plutôt du fruit de conversations avec les Canadiens et Canadiennes », peut-on lire dans le document.

« En mettant l'accent sur la croissance de la classe moyenne; sur un gouvernement ouvert et transparent; sur un environnement sain et une économie forte; sur un Canada plus fort; et sur une meilleure sécurité et plus de possibilités, le gouvernement réalisera le vrai changement. »

Le nouveau gouvernement a insisté sur l'importance de la collaboration entre les diverses formations politiques ayant une voix au Parlement: « J'invite tous les parlementaires à travailler ensemble dans un nouvel esprit d'innovation, d'ouverture et de collaboration ».

Le ton du discours et les priorités énoncées par le gouvernement tranchent nettement avec ceux de son prédécesseur. Les questions relevant de la justice criminelle sont absentes de ce discours, alors qu'elles étaient omniprésentes durant le règne de Stephen Harper.

« Le gouvernement reconnaît que le Canada est un pays fondamentalement sécuritaire où la paix règne, et il travaillera à assurer la sécurité de la population tout en protégeant les droits et les libertés que nous chérissons », affirme-t-on dans le discours.

« Nous devons plus que jamais être avisés et bienveillants. Notre époque n'exige rien de moins. »

La nécessité d'atteindre l'équilibre budgétaire, aussi un thème cher aux conservateurs, est aussi absente. Le gouvernement Trudeau se contente de dire qu'il réalisera ses promesses « en respectant un plan de gestion financière responsable et transparent et adapté aux périodes économiques difficiles ».

En tout, le discours du Trône compte plus d'une trentaine de mesures qui reprennent presque mot à mot la plateforme du Parti libéral du Canada aux dernières élections. Les mesures mises de l'avant par le nouveau gouvernement comprennent:

- Modifier le mode de scrutin à temps pour les prochaines élections;

- Resserrer les évaluations environnementales des projets énergétiques;

- Conclure un nouvel accord sur le financement sur les soins de santé avec les provinces;

- Mettre en oeuvre les recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation sur les pensionnats autochtones et établir une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées;

- Légaliser et réglementer la consommation de marijuana et en limiter l'accès;

- Augmenter le budget de Radio-Canada;

- Travailler à établir un prix sur le carbone.

La chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, a dénoncé le discours, estimant qu'il signale la création d'un gouvernement trop dépensier. Elle a soutenu qu'il ne comporte rien de concret sur l'économie, qui selon elle demeure la priorité des Canadiens. 

Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a soutenu que le discours était « plutôt mince », mais a salué certaines initiatives proposées, dont l'établissement d'une relation fondée sur le principe de nation à nation avec les peuples autochtones. Le Bloc québécois s'est pour sa part dit satisfait des énoncés généraux prononcés dans l'allocution.