Le premier ministre Justin Trudeau a présenté son plan d'accueil des réfugiés syriens au monde entier devant un public londonien, abordant notamment le caractère unique du Canada en matière de diversité.

Au lendemain du dévoilement par son gouvernement de ce plan visant l'accueil de 25 000 réfugiés syriens au Canada, M. Trudeau a fait un discours passionné et hautement politique touchant à de nombreux thèmes de sa dernière campagne électorale.

En parlant aux journalistes après son discours, M. Trudeau a dit que les attaques terroristes à Paris, il y a deux semaines, avaient fait augmenter les craintes du public. Il a cependant insisté pour dire que la sécurité était toujours au coeur des pensées du gouvernement.

Non seulement la sécurité est une responsabilité prioritaire du gouvernement, a dit M.Trudeau, mais «nous étions conscients que les gens allaient considérer l'augmentation de la sécurité comme une raison de ne pas accueillir du tout les réfugiés».

«Bien faire les choses a toujours été ce sur quoi nous nous concentrons.»

Son discours suivait sa visite du matin avec la reine Elizabeth II, à qui le premier ministre a présenté ses deux plus jeunes enfants - Ella-Grace et Hadrien. Il a ainsi imité son propre père, l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, qui avait à l'époque présenté à la souveraine son jeune fils Justin.

La visite du Palais de Buckingham a marqué le début d'une autre importante semaine sur la scène diplomatique pour le tout nouveau premier ministre, notamment avec l'accueil des réfugiés syriens et la tension au Moyen-Orient après que la Turquie eut abattu mardi un avion de chasse russe.

Le discours de Justin Trudeau s'est déroulé devant une foule qui comprenait, notamment, le gouverneur canadien de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, un certain nombre de dirigeants de compagnies et des membres de la Chambre des Lords. Le premier ministre a alors tenté de regrouper l'ensemble des thèmes de son gouvernement sous une seule bannière : la diversité.

Il a soutenu que le plein essor de la classe moyenne était la clé pour que la diversité du Canada fonctionne.

«Le désastre économique se manifeste de plusieurs façons, a déclaré M. Trudeau. La peur et la méfiance de ceux qui sont différents sont parmi les expressions les plus courantes et dangereuses».

«Nous avons la responsabilité - pour nous et pour le monde - de montrer que la diversité inclusive est une force qui peut vaincre l'intolérance, la radicalisation et la haine», a dit M. Trudeau devant la foule nombreuse à la Maison du Canada, située au coeur de Londres.

Il a dit que le Canada faisait face à un débat continuel entre «ceux qui voudraient nous retrancher, en rangs serrés, construire des murs» et ceux qui reconnaissent que la force du pays réside dans le multiculturalisme et sa nature polyglotte.

M. Trudeau a tenté de calmer la tension entre la Russie et la Turquie en indiquant que ce qui s'était passé dans l'espace aérien à la frontière turque et syrienne n'était pas «tout à fait clair».

«Je suis certain que ça n'aidera en rien que je commence à montrer du doigt un côté ou un autre», a dit M. Trudeau au 10 Downing Street, avant sa rencontre d'une heure avec le premier ministre David Cameron.

Assis en compagnie du chef des conservateurs du Royaume-Uni, M. Trudeau a discuté «des préoccupations en matière de sécurité auxquelles nous faisons face partout dans le monde et à la maison».

Le premier ministre, qui en est à sa deuxième visite éclair et son deuxième sommet sur la scène internationale en autant de semaines, quittera le Royaume-Uni, jeudi, pour La Valette, à Malte, où les dirigeants des 54 pays du Commonwealth se rencontreront.

Il a dit qu'il avait été encouragé par la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Barack Obama à pousser certains membres du Commonwealth à intensifier leurs efforts pour lutter contre les changements climatiques, alors que d'autres dans l'organisation sont bien conscients des dangers de la montée du niveau des eaux causée par le réchauffement de la planète.

Le premier ministre de Malte tiendra une séance spéciale sur la question, vendredi.

M. Trudeau et la plupart des autres chefs du Commonwealth se dirigeront ensuite vers la France. Le président français François Hollande a invité les dirigeants du monde entier à participer à la 21e conférence sur le climat des Nations unies (COP21), qui s'ouvrira lundi.