Les premiers ministres du Québec et du Nouveau-Brunswick attendent le plan d'Ottawa avant de commenter les informations voulant que les hommes célibataires ne seraient pas admis au Canada dans le cadre du plan d'accueil des 25 000 réfugiés syriens.

En point de presse à Ottawa, lundi, les deux dirigeants ont réaffirmé l'engagement de leur province respective à accueillir des réfugiés, sans toutefois se prononcer directement sur la question de l'exclusion possible des hommes seuls.

«Je ne penserais pas que cette règle soit absolue», a affirmé le premier ministre québécois Philippe Couillard lors d'une rencontre avec les journalistes avant la réunion du Conseil de la fédération.

«Cependant, je vous rappellerais que le Haut Commissariat des Nations unies (pour les réfugiés), dans sa sélection (...), tient compte du degré de vulnérabilité des gens, ce qui l'amène à placer en tête de priorité les familles avec enfant et les membres des minorités religieuses opprimées», a-t-il ajouté.

Le premier ministre néo-brunswickois Brian Gallant a refusé de se prononcer sur les modalités de sélection des réfugiés syriens. «Je pense que c'est très important que nous fassions confiance au gouvernement fédéral», a-t-il simplement plaidé.

Rappelant que sa province s'est engagée à accueillir 1500 réfugiés, M. Gallant s'est dit «convaincu» qu'Ottawa fera «avancer ce dossier de façon à ce que les Canadiens soient protégés et que nous puissions jouer notre rôle au niveau international».

Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall - l'un des rares conservateurs à être à la tête d'une province canadienne à l'heure actuelle - s'est pour sa part prononcé en faveur de cette façon de trier les Syriens qui espèrent trouver refuge au Canada.

«Je pense que tout le monde comprend que c'est probablement la bonne priorité», a suggéré celui qui juge malavisé d'avoir fixé un échéancier pour l'accueil de milliers de réfugiés syriens et qui a d'ailleurs demandé la suspension du plan des libéraux.

Le réseau anglais de Radio-Canada a rapporté dimanche soir que le gouvernement fédéral ouvrira ses portes seulement aux femmes, aux enfants et aux familles qui fuient la guerre en Syrie dans le cadre de son plan d'accueil de 25 000 déplacés syriens.

Le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté n'a pas voulu confirmer ces informations, lundi, pas plus que le premier ministre Justin Trudeau lorsqu'il a été croisé dans les couloirs du parlement avant son assermentation.

«On va avoir beaucoup de choses à dire», s'est-il contenté de lâcher avant d'entrer dans la salle où se déroulait la cérémonie.

Le gouvernement fédéral doit dévoiler mardi son plan d'accueil des réfugiés syriens. Les libéraux ont promis en campagne électorale d'en recevoir 25 000 d'ici la fin de l'année.

Les premiers réfugiés en provenance de camps en Jordanie, au Liban et en Turquie arriveraient au Canada par avion à compter du 1er décembre, a indiqué l'ambassadeur canadien en Jordanie, Bruno Saccomani, selon l'Agence France-Presse.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, s'est pour sa part prononcé contre le principe d'exclusion des hommes seuls. Il a fait valoir en conférence de presse que les réfugiés devraient être sélectionnés en fonction de leur détresse et non de nos peurs.

«La sécurité demeure une question centrale évidemment, mais est-ce que ça veut dire que nous (devons) exclure du programme tous les jeunes hommes orphelins?», a demandé M. Mulcair.

«Allons-nous refuser les homosexuels qui fuient la persécution? Allons-nous exclure les hommes qui fuient Daesh après avoir vu leur famille entière se faire massacrer? Ce n'est pas comme ça qu'on devrait faire les choses au Canada», s'est inquiété le chef du NPD.

Le plan d'accueil des réfugiés figure parmi les sujets à l'ordre du jour pour la rencontre du premier ministre Trudeau avec ses homologues provinciaux et territoriaux, qui se tient lundi après-midi au Musée canadien de la nature.

L'un des principaux objectifs de la réunion est cependant de discuter des changements climatiques et de l'approche du Canada relativement aux négociations qui seront menées dans le cadre de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), qui s'ouvre le 30 novembre dans la capitale française.

M. Trudeau et les premiers ministres provinciaux et territoriaux prendront part à une conférence de presse à l'issue de cette rencontre, en fin de soirée, vers 21 h.