Le ministère de la Défense nationale planche sur le scénario d'héberger les 25 000 réfugiés syriens attendus d'ici la fin de l'année dans les bases militaires du pays.

« On regarde chaque base et chaque endroit pour déterminer combien d'espaces on a pour accepter des réfugiés », a expliqué vendredi Ashley Lemire, conseillère principale en communications au ministère.

Ils pourraient aboutir dans l'un des 33 emplacements comptant des logements militaires au pays, parmi lesquels se trouvent les bases québécoises de Valcartier et de Bagotville.

Le ministère de la Défense nationale refuse pour le moment de dire quels sites pourraient accueillir des réfugiés syriens.

« On n'a pas les chiffres spécifiques parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on doit considérer, alors on ne donne pas de chiffres spécifiques en ce moment pour chaque endroit », a dit Mme Lemire en entrevue téléphonique.

Les bases militaires sont les endroits tout indiqués pour accueillir des réfugiés, selon le brigadier général à la retraite Gaston Cloutier, qui était commandant à la base de Trenton, en Ontario, lorsque le Canada a accueilli les réfugiés kosovars, en 1999.

« La raison pour laquelle les bases militaires ont été utilisées pour les Kosovars, c'est parce que les infrastructures étaient disponibles immédiatement », a-t-il résumé en entrevue téléphonique.

Le gouvernement de Justin Trudeau a promis d'accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici le 31 décembre, ce qui est tout à fait « faisable » si les provinces et les organisations non gouvernementales et communautaires mettent l'épaule à la roue, suggère M. Cloutier.

Mais il faudra « agir très vite », notamment pour noliser des avions alors que se profile à l'horizon la période des fêtes, pendant laquelle les compagnies aériennes ajoutent déjà des vols pour répondre à la demande, souligne-t-il.

Avant de monter à bord, cependant, les réfugiés devront se soumettre à des contrôles de sécurité, processus dans lequel devraient être impliqués le ministère de la Sécurité publique et celui de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.

« Une des grosses différences entre 1999 et 2015, c'est que l'environnement de sécurité international a beaucoup changé », a fait remarquer Gaston Cloutier.

« C'était une préoccupation en 1999, mais à moindre échelle. C'est pour ça que la police militaire était toujours présente (à la base de Trenton) », a exposé celui qui dit conserver un excellent souvenir de son expérience avec les réfugiés kosovars.

« Ils sont restés environ trois mois avant d'être intégrés dans les communautés canadiennes à travers le pays. L'ambiance était très positive; les gens appréciaient beaucoup, beaucoup, beaucoup ce que le Canada faisait pour eux », s'est-il remémoré.

Il a été impossible de savoir précisément comment progressait le dossier des réfugiés syriens, le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté refusant de répondre directement aux questions de La Presse Canadienne à ce sujet.

Le ministre John McCallum a indiqué cette semaine qu'il comptait travailler avec les gouvernements provinciaux pour atteindre son objectif « ferme » d'ouvrir les portes du Canada à 25 000 personnes qui fuient la guerre en Syrie.

Le gouvernement du Québec a signalé en septembre qu'il serait prêt à accueillir 3650 d'entre eux. La ministre québécoise de l'Immigration, Kathleen Weil, « discutera avec son homologue fédéral au cours des prochains jours », selon son attaché de presse, Stéphane Plante.