À peine a-t-il prêté serment, que le gouvernement libéral de Justin Trudeau se propose d'offrir aux contribuables de la classe moyenne un cadeau à temps pour le Nouvel An: une réduction du fardeau fiscal qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2016.

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À cette fin, le Parlement reprendra ses travaux le 3 décembre et les libéraux entendent mettre les bouchées doubles afin d'adopter une motion visant à mettre en oeuvre cette réduction du fardeau fiscal promise durant la dernière campagne électorale. Concrètement, cela permettra de faire passer la deuxième tranche du taux d'imposition des contribuables de 

22 à 20,5% au début de 2016, pour ceux dont le revenu imposable se situe entre 44 700$ et 89 401$. Les Canadiens qui empochent un salaire annuel de 200 000$ et plus - dont Justin Trudeau et ses nouveaux ministres - devront en revanche payer plus d'impôt.

«Comme je l'ai dit tout au long de la campagne, notre première priorité va être de baisser les impôts pour la classe moyenne en demandant aux mieux nantis, au 1% des plus riches, d'en faire un petit peu plus. Et c'est ce que nous allons présenter comme premier projet de loi», a indiqué M. Trudeau, en conférence de presse, après avoir présenté son nouveau cabinet dans une atmosphère festive.

Pour l'épauler, M. Trudeau a choisi 15 femmes et 15 hommes, dont plusieurs nouveaux venus en politique fédérale. Il a tenu à donner une place de choix aux femmes, aux peuples autochtones et aux communautés ethnoculturelles dans la formation de son premier conseil des ministres. En outre, six Québécois font partie du cercle restreint de son cabinet.

Stéphane Dion, qui a été chef du Parti libéral de 2006 à 2008, est le nouveau ministre des Affaires étrangères, tandis que Marc Garneau se voit confier le ministère des Transports. Les quatre autres Québécois sont de nouveaux visages à Ottawa: Mélanie Joly obtient le ministère du Patrimoine et la députée gaspésienne Diane Lebouthillier est nommée à la tête de l'Agence du revenu du Canada. L'économiste de Québec Jean-Yves Duclos hérite du nouveau ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social, tandis que Marie-Claude Bibeau devient responsable du ministère du Développement international et de la Francophonie.

D'autres néophytes de la politique fédérale ont hérité de postes névralgiques au sein du gouvernement.

Soucieux de rassurer Bay Street, Justin Trudeau s'est tourné vers l'homme d'affaires torontois Bill Morneau pour diriger le ministère des Finances. Les libéraux ont promis des investissements majeurs dans les infrastructures, ce qui entraînera, selon eux, des déficits «modestes» de 10 milliards de dollars durant les trois premières années.

Le ministère de la Défense a aussi été confié au lieutenant-colonel Harjit Singh Sajjan, qui était devenu en 2011 le premier militaire de religion sikhe à commander un régiment au Canada.

L'avocate et leader autochtone Jody Wilson-Raybould a été nommée ministre de la Justice. Elle a été élue pour la première fois il y a deux semaines dans la région de Vancouver. C'est la députée d'Ottawa Catherine McKenna qui dirigera dorénavant l'Environnement.

Ces nouveaux venus pourront compter sur l'assistance de collègues d'expérience qui ont aussi été nommés à des postes importants. Ralph Goodale pilotera les modifications à apporter à la loi antiterrorisme (projet C-51), à la tête de la Sécurité publique. Scott Brison hérite du Conseil du Trésor, John McCallum de l'Immigration et le député du Nouveau-Brunswick et ami proche de Justin Trudeau Dominic LeBlanc est le nouveau leader du gouvernement à la Chambre des communes.

Les nouveaux ministres auront du pain sur la planche. Les libéraux ont multiplié les promesses électorales au cours de la dernière campagne, dont plusieurs pourraient s'avérer difficiles à mettre en oeuvre. C'est le cas notamment de celle de faire venir 25 000 réfugiés au Canada d'ici Noël.

Rupture avec le passé

Les membres du premier cabinet de Justin Trudeau ont fait leur entrée à Rideau Hall en marchant lentement vers la résidence du gouvernement général, mercredi matin, sous les applaudissements nourris d'une foule de plusieurs centaines de personnes venue pour les accueillir. M. Trudeau marchait en tête accompagné de sa femme, Sophie Grégoire.

Quelques minutes plus tôt, le premier ministre sortant Stephen Harper a rencontré le gouverneur général en privé. Comme le veut la tradition, il a donné sa démission tout juste avant que son successeur ne prête serment.

Cette manière de faire des libéraux se voulait une rupture avec les pratiques du gouvernement précédent, où le public n'était pas admis à Rideau Hall et où les ministres arrivaient en limousine un à un à la porte de la résidence du gouverneur général. Lors du dernier remaniement du Conseil des ministres, à l'été 2013, le bureau de M. Harper avait même annoncé les ministres un par un sur Twitter avant que les médias ne puissent le faire. Le geste avait été décrit comme un pied de nez aux journalistes avec lesquels le premier ministre conservateur avait souvent des relations tendues.

La cérémonie de prestation de serment a été suivie d'une conférence de presse, puis d'une discussion dans le cadre d'une rencontre virtuelle entre le nouveau premier ministre et des élèves d'un peu partout au Canada. Le nouveau Conseil des ministres s'est ensuite réuni à la salle du cabinet du parlement pour la première fois au début de l'après-midi. Cette réunion a aussi été suivie d'un point de presse.

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