Que la résidence officielle du premier ministre du Canada soit rénovée ou complètement rasée, les travaux au 24 Sussex devraient faire l'objet d'une téléréalité, selon un expert du milieu de la construction qui supervise plusieurs projets de rénovations de maisons patrimoniales.

Depuis que le premier ministre désigné Justin Trudeau a confirmé que sa famille n'habiterait pas dans la célèbre résidence pour l'instant, Bryan Baeumler s'est souvent fait demander s'il avait l'intention de s'attaquer aux rénovations, qui s'annoncent complexes.

M. Baeumler, qui est l'animateur d'une série d'émissions télévisées de rénovation et président de l'entreprise ontarienne de construction, Baeumler Quality Construction, a affirmé qu'il sauterait sur cette occasion s'il travaillait dans la région de la capitale nationale.

Selon lui, il existe à Ottawa plusieurs entreprises de construction qualifiées qui pourraient relever ce défi.

Certaines personnes ont suggéré de porter le projet à la télévision, ce qui soulève plusieurs questions sur l'intégrité historique du bâtiment, la sécurité et la bureaucratie, a remarqué M. Baeumler.

Après tout, l'adresse la plus populaire à Ottawa appartient à tous les contribuables, elle est administrée par la Commission de la capitale nationale, sa protection est garantie par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et elle porte un poids historique significatif.

«Je ne sais pas à quoi (ressemblerait) cet enchevêtrement de règles et de bureaucratie. Ce serait probablement un bourbier d'opinions opposées», a-t-il expliqué.

Ce n'est pas la première fois que le travailleur de la construction se fait solliciter quant à ce chantier.

Il y a quelques années, il est allé dîner avec l'un ses amis qui a déjà vécu au 24 Sussex dans sa jeunesse, Ben Mulroney. Le fils de l'ancien premier ministre Brian Mulroney avait discuté de la possibilité de créer une émission de téléréalité sur les rénovations de la résidence d'époque.

Un autre rénovateur célèbre a ajouté son grain de sel au débat, vendredi. Mike Holmes, vedette de la téléréalité «Holmes on Homes», a confié à ses abonnés sur Facebook qu'il serait prêt à participer au projet.

«Je connais le meilleur rénovateur à Ottawa qui serait heureux de contribuer. Vous n'avez qu'un mot à dire, et nous prendrons nos outils», a-t-il écrit.

Il y aurait des bienfaits à faire entrer les caméras dans la résidence, dont une aide financière au projet qui était évalué à au moins 10 millions de dollars il y a sept ans - donc le prix serait sans doute encore plus élevé aujourd'hui.

De plus, l'expérience donnerait une très bonne publicité aux entreprises impliquées. «Ce serait une bonne occasion pour les entreprises canadiennes qui fournissent des produits du Canada et fabriqués (ici) d'en faire la promotion. Il y aurait certainement des possibilités de commanditaires», a soutenu M. Baeumler.

«Une émission serait intéressante. Elle donnerait aux Canadiens un plus grand sentiment d'appartenance face à leur propriété s'ils avaient la chance de la voir et cela garderait certainement le processus plus transparent», a-t-il poursuivi.

La Commission de la capitale nationale a indiqué qu'elle ne pouvait pas fournir quelconque information sur les procédures.

Un porte-parole de Justin Trudeau a affirmé que le premier ministre désigné n'avait pas encore pris de décision sur l'avenir de la résidence. «M. Trudeau prendra des décisions lorsqu'il aura reçu toutes les informations des représentants. En attendant, sa famille vivra à Rideau Cottage», a déclaré Cameron Ahmad. Rideau Cottage est situé dans les jardins de Rideau Hall, la résidence du Gouverneur général du Canada.

Les opinions divergent sur le sort qui devrait être réservé à la maison patrimoniale. La femme de l'ancien premier ministre Joe Clark, Maureen McTeer, a affirmé à la radio de la CBC cette semaine que la résidence devrait être complètement démolie et reconstruite ensuite.

Le premier ministre sortant Stephen Harper et sa famille ont habité le 24 Sussex depuis 2006 malgré un rapport du vérificateur général, en 2008, qui constatait son piètre état. Le rapport énumérait plusieurs problèmes, dont des fenêtres fissurées et des défectuosités dans le système électrique et dans la plomberie.

Selon Bryan Baeumler, les coûts des rénovations sont évalués actuellement à au moins 15 millions de dollars, selon ce que les entrepreneurs découvriront derrière les murs.

Peu importe l'avenue choisie par les autorités, le processus devrait être public, selon M. Baeumler. «Cela aiderait à élever son statut et les Canadiens seraient probablement plus fiers de notre démocratie, de notre système et de notre infrastructure. Je crois que c'est une occasion pour créer un symbole incroyable», a-t-il conclu.