Les conservateurs ne feront pas obstruction aux projets de loi libéraux, assure le leader sortant du gouvernement au Sénat, Claude Carignan, qui se réjouit par ailleurs d'avoir vu les néo-démocrates s'«écrouler» le soir de l'élection.

Installé dans son bureau du parlement, le sénateur Carignan semble vouloir afficher une ouverture face à l'arrivée du gouvernement libéral majoritaire de Justin Trudeau à Ottawa; aussi promet-il que ses collègues et lui travailleront dans un esprit de collaboration.

«Il n'est pas question de faire de l'obstruction», tranche-t-il en entrevue avec La Presse Canadienne, mardi midi.

«On n'agira pas de façon à bloquer de la législation sur des bases idéologiques. On va jouer notre rôle de sénateurs en étudiant la législation de façon prudente et raisonnable», poursuit M. Carignan.

Il dit voir d'un bon oeil l'approche préconisée par le chef du Parti libéral du Canada (PLC) pour réformer le Sénat du Canada afin d'en évacuer la partisanerie.

L'engagement pris par Justin Trudeau de créer un nouveau processus de nomination des sénateurs fondé sur le mérite plutôt que sur les retours d'ascenseur, notamment, est «très intéressant», dit le sénateur Carignan.

«S'il respecte son engagement et qu'il nomme des sénateurs indépendants avec aucune affiliation politique, sur la base du mérite, ça va créer une dynamique vraiment intéressante», suggère-t-il.

Le nouveau premier ministre aurait néanmoins avantage, selon lui, à prendre le temps qu'il faut pour favoriser la mise sur pied d'un processus rigoureux avant de pourvoir les sièges vacants au Sénat - 22 banquettes sont actuellement inoccupées à la chambre haute.

«On peut fonctionner, actuellement, avec les postes vacants. Je pense qu'il doit prendre le temps nécessaire pour respecter son engagement (...) et de choisir les meilleures personnes», plaide M. Carignan.

«Et nous, dans notre approche, d'ici là, on va travailler de façon constructive. (...) Il n'y aura pas d'urgence pour lui à combler les postes rapidement pour contrer un blocage au Sénat», enchaîne-t-il.

Le sénateur Carignan espère conserver son poste de leader des sénateurs conservateurs, qui forment la majorité au Sénat - à tout le moins, jusqu'à nouvel ordre.

Il soumettra la proposition à ses collègues du caucus, qui se retrouveront à Ottawa la semaine prochaine. Comme les conservateurs forment l'opposition à la Chambre des communes, la tradition veut que ce soit le caucus des sénateurs qui détermine qui est leur leader au Sénat, a-t-il souligné.

«Je vais demander à mes sénateurs un vote pour confirmer mon leadership, et si j'ai le soutien de mes collègues, ce que je crois avoir, je vais continuer comme leader du groupe des sénateurs conservateurs», explique M. Carignan.

Le sénateur nommé en 2009 par le premier ministre sortant Stephen Harper se désole évidemment de la défaite encaissée par le Parti conservateur lundi soir dernier.

En revanche, il reconnaît avoir pleinement savouré la déconfiture du Nouveau Parti démocratique (NPD) de Thomas Mulcair, dont la formation avait pris l'engagement d'abolir le Sénat du Canada.

«Il n'y a rien qui me fait plus plaisir que voir le NPD et Thomas Mulcair s'écrouler», lâche candidement Claude Carignan.

Il n'a pas digéré une publicité négative diffusée pendant la campagne électorale, dans laquelle les néo-démocrates critiquaient l'intégrité de l'entourage du chef conservateur, dont les sénateurs qu'il a nommés.

«J'en ai fait une question personnelle, alors pour moi, de le voir s'écrouler, juste ça, c'était très bien», tranche-t-il.