Le gouvernement conservateur sait depuis deux ans que les mesures de sécurité d'une vingtaine d'ambassades canadiennes à l'étranger ne sont pas suffisantes pour assurer la protection du personnel diplomatique et des bâtiments.

Une série de documents gouvernementaux internes provenant du ministère des Affaires étrangères et du Service canadien du renseignement de sécurité montrent que certains fonctionnaires ont sonné l'alarme à la suite de l'attentat contre un centre commercial de Nairobi, au Kenya, en septembre 2013. L'assaut de trois jours des hommes armés d'al-Shabab a causé la mort d'au moins 67 personnes.

Les notes montrent que la mort de la diplomate canadienne Annemarie Desloges et de l'homme d'affaires de Vancouver Naguib Damji dans cet attentat ont fait passer les inquiétudes croissantes sur la violence et l'instabilité dans la foulée du Printemps arabe à un signal d'alarme.

Les notes de service, obtenues par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l'accès à l'information, indiquent qu'une nouvelle vague d'inquiétude a submergé le ministère et l'agence après que le hall d'entrée de l'ambassade du Canada à Kiev, en Ukraine, eut été occupé pendant une semaine par des manifestants pro-européens en février 2014.

Selon la documentation très caviardée, six semaines après l'incident dans la capitale ukrainienne, quatre ministres ont participé à une réunion d'information spéciale durant laquelle des procédés pour «réduire la vulnérabilité» des installations canadiennes à l'extérieur du pays leur ont été recommandés, dont des projets majeurs visant à améliorer la sécurité physique des lieux.

En dépit de l'urgence de la situation, le cabinet n'a toujours pas approuvé le financement du plan pour rendre les ambassades et les résidences officielles du Canada à l'étranger plus sécuritaires.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nicolas Doire, a déclaré que le gouvernement prenait cette question très au sérieux et surveillait la situation dans différents pays à distance afin de mettre en place les mesures appropriées pour protéger ses employés.

Dans le budget fédéral de l'exercice 2013-14, 129 millions $ étaient prévus pour «renforcer la sécurité» dans les ambassades, mais une somme de 69 millions $ demeure non dépensée et se trouve dans le flux de trésorerie fédéral, une situation assimilée par l'opposition à une tentative de réduire le déficit.

Un récent reportage de CTV News citait une note secrète du 9 septembre prévenant les sous-ministres que «20 pour cent des missions étrangères étaient désormais catégorisées à hauts risques».

Le Canada exploite plus de 170 missions étrangères, ce qui signifie que 34 d'entre elles seraient considérées vulnérables. Les documents obtenus par La Presse Canadienne montrent que jusqu'à 27 d'entre elles ont connu des améliorations sur la sécurité des installations depuis 2010, mais des responsables des Affaires étrangères préviennent que du travail reste encore à faire.

L'obligation du gouvernement ne se limite pas à la brique et au mortier, ont-ils souligné, faisant valoir l'importance de protéger le personnel à leur domicile et dans leurs déplacements.