Les ministres fédéraux ont promis près de 1,6 milliard de dollars en dépenses au cours des deux derniers jours, alors que le déclenchement de la campagne électorale approche à grands pas.

Entre jeudi matin et vendredi soir, les conservateurs ont effectué 111 annonces, offrant soit de l'argent pour de nouvelles infrastructures ou recyclant de vieilles promesses de contribution datant du budget du mois d'avril.

Ajoutez à cela 12 rappels concernant les montants que recevront les provinces en provenance du Fonds fédéral de la taxe sur l'essence pour payer pour les infrastructures, cette année, et le total des annonces grimpe à près de 3,53 milliards.

Les promesses vont d'une contribution pour rénover un club de curling à Dawson Creek, en Colombie-Britannique, à un chèque de 1,25 million destiné à la ville de Skinners Pond, en passant par l'Île-du-Prince-Édouard pour la création d'un centre culturel en hommage à Stompin» Tom.

Cette vague de dépenses survient alors que le premier ministre Stephen Harper doit officiellement déclencher la campagne électorale dimanche.

Une fois que ce sera fait, le gouvernement n'aura plus droit de dépenser et les seuls engagements que pourront prendre les conservateurs seront des promesses de campagne.

La perte de ce pouvoir pourrait aussi expliquer pourquoi une contribution fédérale de 58 millions au manufacturier automobile Toyota a été annoncée vendredi, même si elle était prévue pour la semaine prochaine.

Les distributions de dernière minute, vendredi, sont survenues après qu'un rapport de Statistique Canada eut rapporté que l'économie nationale avait ralenti en mai, portant à cinq le nombre de mois consécutifs de déclin du produit intérieur brut (PIB) réel.

Cela fait en sorte que l'économie se porte mal alors que les partis se préparent pour une campagne où l'économie sera au coeur des discussions, ainsi que la détermination du meilleur parti fédéral pour redresser la situation.

«L'économie souffre et le gouvernement de Stephen Harper est plus occupé à gaspiller l'argent des contribuables en déclenchant la campagne électorale en avance», a déclaré le critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'économie, Nathan Cullen, dans un communiqué.

Le député libéral Marc Garneau a affirmé de son côté que l'argumentaire de bons gestionnaires économiques des conservateurs a perdu toute crédibilité à la veille du déclenchement des élections fédérales.

«Je ne sais pas où M. Harper prend l'information qu'il transmet aux Canadiens en disant qu'il est le meilleur pour gérer l'économie, parce qu'on ne voit pas les résultats», a dit M. Garneau lors d'une conférence de presse à Ottawa.

Le bureau du premier ministre a répliqué, affirmant que le chef libéral Justin Trudeau ne savait pas «comment gérer l'économie du G-7», et que le chef du NPD voulait augmenter les taux d'imposition.

«Maintenant plus que jamais, nous devons continuer avec notre plan qui vise à maintenir les impôts à un bas niveau et de ne pas prendre des risques qui ne sont pas nécessaires», a écrit le porte-parole Stephen Lecce dans un courriel.

La Banque du Canada et le gouvernement fédéral ont précisé que le pays n'était pas officiellement en récession, mais la Banque centrale a déjà ajusté ses prévisions pour l'année et prévoit que l'économie ne s'améliorera que de la moitié que ce qu'avaient prévu les conservateurs dans leur dernier budget.

Si la tendance se poursuit en juin, le Canada sera déclaré en récession technique, car il cumulera deux trimestres de croissance négative consécutifs.

Si les prédictions de la Banque sont justes, le surplus de 1,4 milliard prévu dans le budget 2015 pourrait se transformer en déficit, puisque les coffres du gouvernement fédéral seraient plus minces de 4,1 milliards, selon une analyse contenue dans le budget d'avril.

La situation signifie que le gouvernement doit défendre son rendement et expliquer aux électeurs comment il compte pallier un déficit dans le budget, soit en coupant dans les dépenses ou en augmentant les impôts, selon Aaron Wudrick, le directeur national de la Fédération des contribuables canadiens.

Les partis d'opposition doivent expliquer leurs promesses de campagne à nouveau puisque plusieurs reposaient sur les projections financières du budget d'avril.

«La question à laquelle doit répondre le gouvernement actuel est: «Comment peut-on être certains que vous ne nous referez plus le coup?» Et celle à laquelle doivent répondre les partis d'opposition est: »Qu'auriez-vous fait différemment?», a lancé M. Wudrick.