Le Québec ne se satisfera pas du seul passage d'un pipeline pour donner son approbation au projet d'Énergie Est de TransCanada. Des «retombées économiques» seront nécessaires avant que la firme albertaine obtienne le feu vert de Québec, a prévenu mardi le premier ministre Philippe Couillard.

Ce dernier rencontrait pour la première fois Rachel Notley, la nouvelle élue d'Alberta, qui faisait à ce titre sa première visite à l'extérieur de sa province. Elle avait mis fin à un long règne conservateur avec «sa victoire électorale très significative, qui témoignait d'un désir de changement de la population albertaine». M. Couillard reconnait avoir été surpris de l'élection d'un gouvernement néo-démocrate en Alberta, traditionnellement conservatrice. La volonté de changement «existe dans toutes les démocraties», a-t-il dit, soulignant prudemment qu'il ne fallait pas tirer des conclusions sur le prochain scrutin fédéral. «Tout est possible dans la vie... c'est possible qu'il y ait un impact (de l'élection du NPD en Alberta), possible qu'il n'y en ait pas... les gens ont tendance à séparer souvent les deux niveaux d'élections. On verra»

Les deux premiers ministres ont discuté du projet de TransCanada, «notre position n'a pas changée. Nous conservons nos conditions aux sept éléments bien connus» dira M. Couillard, parmi ces éléments des retombées économiques jugées suffisantes par le Québec. Pour Mme Notley, cette première visite est un signe de la volonté de sa province de maintenir des liens économiques étroits avec le Québec. «Le fait d'être un lieu de transit d'un pipeline n'amenait pas beaucoup de retombées économiques pour le Québec. Être un endroit de passage ne m'apparait pas suffisant», de souligner M. Couillard.

TransCanada ne fera pas finalement le port méthanier qu'elle avait envisagé pour Cacouna, le seul élément structurant de son projet Énergie Est. Pour M. Couillard des retombées ne signifient pas nécessairement qu'un port soit inclus dans le projet. Il faudra attendre la nouvelle mouture du projet de la compagnie de Calgary, prévient-il. «C'est à eux de faire la démonstration qu'il y a un impact économique», a-t-il souligné.

«Les gens veulent nous entendre dire qu'on peut développer notre industrie énergétique d'une façon responsable. On voudra avec le Québec améliorer notre feuille de route en environnement», a de son côté dit Mme Notley. Prudente, elle est restée bien évasive sur l'abolition du Sénat, un engagement de son parti au niveau national. Cette question ne faisait pas partie de la plate-forme électorale de son parti provincial, a-t-elle souligné.

À l'automne, M. Couillard dirigera une délégation économique en Alberta.