À une semaine de la Saint-Jean-Baptiste, le premier ministre Stephen Harper rappelle aux ministres de son gouvernement qu'ils ont le «devoir de continuer à renforcer la dualité linguistique au pays» et «à faire rayonner le fait français».

Dans une lettre qu'il enverra aujourd'hui à ses collègues du cabinet ainsi qu'aux hauts fonctionnaires de l'appareil gouvernemental, M. Harper tient ainsi à souligner l'importance de la langue française dans l'histoire du pays.

«Le Canada est venu au monde en français, lors de la fondation de Québec par Samuel de Champlain il y a plus de 400 ans. C'est naturellement une source de grande fierté; et ce doit être aussi l'inspiration pour notre avenir», affirme le premier ministre dans cette lettre que La Presse a obtenue hier.

L'envoi de cette lettre survient alors que s'ouvre à Toronto la 20e conférence ministérielle sur la francophonie canadienne. Cette conférence de deux jours réunit autour d'une même table les ministres responsables de la francophonie canadienne du gouvernement fédéral et des provinces.

«Chaque année, le 24 juin, la Fête nationale du Québec et la fête de la Saint-Jean-Baptiste partout au Canada nous rappellent l'inestimable richesse que nous offre la langue française comme Canadiens et Canadiennes. Si, au cours des siècles, notre grand pays s'est enrichi d'une extraordinaire diversité, nous reconnaissons que la langue française, parlée par près de 10 millions de Canadiens, fait partie de notre identité canadienne», ajoute M. Harper dans sa lettre.

Au-delà du Québec

Le premier ministre souligne aussi qu'en 2015, l'Ontario va souligner les 400 ans de présence francophone sur son territoire et le passage de Samuel de Champlain en Huronie. «Cet anniversaire nous rappelle à son tour que sans l'apport et les réalisations des francophones de partout au Canada, l'histoire, la culture et l'identité de notre pays seraient bien différentes», soutient-il.

M. Harper a aussi rappelé qu'il a pris l'habitude, dès son arrivée au pouvoir, de commencer ses discours en français, au pays comme à l'étranger, afin de souligner l'apport de la langue de Molière à l'édification du Canada.

Selon le premier ministre, la conférence ministérielle qui s'ouvre aujourd'hui à Toronto permettra de mettre en relief la vitalité des communautés francophones hors Québec, mais aussi «le rayonnement du français d'un océan à l'autre par l'entremise, notamment, de l'enseignement du français langue seconde. Plus de 2 millions d'anglophones parlent français et viennent enrichir notre francophonie. Il importe de saluer la contribution de ces nombreux francophiles à la vitalité du fait français au pays».

Une source conservatrice a indiqué que le gouvernement prévoit investir 1,1 milliard de dollars de 2013 à 2018 afin de promouvoir la dualité linguistique et donner un coup de pouce aux minorités de langues officielles. De cette somme, 658 millions iront à l'éducation et 149 millions, pour soutenir l'immigration francophone dans les milieux minoritaires.

Cette même source a aussi rappelé les efforts du gouvernement Harper, de concert avec le Québec et le Nouveau-Brunswick, pour faire élire la première Canadienne à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean.

Nomination d'unilingues anglophones

S'il a été applaudi pour ces efforts diplomatiques en faveur de Mme Jean, le gouvernement Harper a aussi subi les foudres des partis de l'opposition pour avoir nommé Michael Ferguson, alors unilingue anglophone, au poste de vérificateur général du Canada en 2011. Il a aussi été critiqué pour avoir nommé deux juges unilingues à la Cour suprême du Canada.