Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu reprend à son compte les arguments de son collègue suspendu Mike Duffy concernant la définition de ce qui constitue une résidence principale.

Celui dont le dossier a été transféré à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) se défend d'avoir indûment réclamé des frais de résidence.

Il assure, dans un communiqué transmis mercredi, que sa demeure principale en 2012 était bel et bien située à Sherbrooke et non à Ottawa, comme l'a conclu le vérificateur général (VG) Michael Ferguson dans un rapport publié la veille.

Le sénateur assure avoir fourni toutes les pièces justificatives pour le prouver: son adresse sherbrookoise était inscrite sur son permis de conduire, sa carte d'assurance maladie, ses déclarations de revenus, ses comptes de créanciers et autres documents, dit-il.

Cette ligne de défense s'apparente à celle de l'avocat du sénateur suspendu Mike Duffy, qui subit actuellement un procès criminel en lien avec des réclamations de résidence.

Comme l'avocat de M. Duffy, M. Boisvenu plaide que les règles du Sénat en cette matière sont beaucoup trop floues, et il remet sévèrement en question la façon dont le VG les interprète.

«Pourquoi le VG cherche-t-il à redéfinir la notion de résidence principale en exigeant un nombre minimal de jours passés dans celle-ci?», s'insurge-t-il dans son communiqué.

Car on ne peut «en aucun cas se servir du plus grand nombre de jours passés dans un endroit donné pour définir l'emplacement d'une résidence principale», car les activités parlementaires varient «énormément» d'un sénateur à l'autre, fait valoir le sénateur.

Le vérificateur général reproche à Pierre-Hugues Boisvenu d'avoir indûment réclamé 61 076 $, dont 15 826 $ en indemnités de logement inadmissibles.

La part du lion - 38 577 $ - concerne cependant le travail de conscientisation aux droits des victimes que le sénateur a continué à accomplir pour une organisation qu'il a fondée avant d'être nommé au Sénat par le premier ministre Stephen Harper, en 2010.

Le VG écrit dans son rapport n'avoir «pas été en mesure de déterminer» si les dépenses pour les conférences, entrevues médiatiques et autres activités liées à ce rôle étaient de nature parlementaire.

Là encore, M. Boisvenu s'inscrit en faux: il s'agissait bel et bien d'activités liées à ses fonctions sénatoriales - et «c'est pourquoi il est de (son) intérêt» de référer son dossier à l'arbitre Ian Binnie afin que ce dernier «statue sur la définition des «activités sénatoriales'», écrit-il.

Le sénateur, sur qui plane la menace d'une suspension de la Chambre haute, confirme donc qu'il a l'intention de se prévaloir du processus d'arbitrage chapeauté par cet ancien juge de la Cour suprême.

En parallèle, il promet de collaborer «entièrement» aux vérifications des enquêteurs de la GRC «selon les besoins».

Pierre-Hugues Boisvenu a jusqu'à présent admis qu'il a commis «une erreur» en réclamant des frais de déplacement pour se rendre au chevet de sa mère souffrante, aujourd'hui décédée.

«À six occasions en 2012, en raison de la maladie et du décès de ma mère, mes déplacements étaient entre Ottawa et Saint-Jérôme. J'ai changé ma destination au dernier moment et ai omis d'en aviser mon personnel», a-t-il écrit en réplique dans le rapport du VG.

«Un déplacement n'aurait pas dû être réclamé. C'est une erreur de ma part et je suis disposé à rembourser la différence», a-t-il reconnu.

En dépit de ces déboires, le sénateur conclut sa missive en promettant un retour en force.

«Mon travail auprès des victimes me manquera énormément dans les prochains mois, mais je reviendrai encore mieux préparé pour reprendre ma place dans la mission que je me suis donnée il y a dix ans, soit celle de défendre les droits des victimes d'actes criminels au Parlement canadien», a-t-il écrit.