«Un nouveau cycle politique commence», a affirmé ce matin Gilles Duceppe en acceptant la direction du Bloc québécois. «Ce n'est pas Duceppe à la place de Beaulieu, c'est Duceppe qui rejoint Beaulieu.»

Les deux leaders souverainistes ont officialisé ce matin leur pacte politique visant à améliorer les chances de succès de leur formation politique au scrutin de l'automne prochain.

Gilles Duceppe s'est dit «ému» par le courage et «l'abnégation» de Mario Beaulieu. «Il incarne, à mes yeux, l'essence même du militant».

Celui qui a été élu chef bloquiste il y a un an presque jour pour jour a admis que «malgré les efforts acharnés d'une petite équipe», «j'en suis arrivé à la conclusion que j'allais manquer de temps».

«Comme le dit Bernard Landry, c'est la patrie avant les partis et avant les individus, a-t-il ajouté. Je suis convaincu qu'avec Gilles Duceppe, nous allons vers une nouvelle victoire du Bloc.»

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, s'est réjoui du changement de garde à la tête du Bloc. Il connaît M. Duceppe depuis plusieurs années, et il l'a maintes fois conseillé depuis son propre saut en politique. «C'est une décision qui appartient au Bloc québécois, a-t-il indiqué. Cette décision a été prise par ceux qui considéraient qu'on doit s'organiser pour avoir les meilleurs moyens pour défendre les intérêts du Québec et promouvoir l'indépendance du Québec.»

Duceppe veut rassembler

Gilles Duceppe a invité les bloquistes qui ont quitté la formation à y revenir. Il a lancé le même message aux indépendantistes d'Option nationale et de Québec solidaire, après avoir dit que l'arrivée de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois représentait un souffle nouveau pour ce parti.

M. Duceppe a reproché aux nombreux députés du Nouveau Parti démocratique (NPD), élus au Québec en 2011, de ne pas avoir défendu les intérêts de la province.

Il juge même qu'ils sont la cause de l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire.

M. Duceppe ne sait pas encore dans quelle circonscription il tentera de se faire élire.

«Rassurez-vous, je vais trouver une circonscription», a-t-il lancé le sourire aux lèvres.

- Avec La Presse Canadienne

Mulcair peu impressionné

À Ottawa, le chef du NPD, Thomas Mulcair, s'est montré peu impressionné par le retour en politique de Gilles Duceppe.

« Je sais que les Québécois veulent du changement positif, constructif. Mon but c'est de remplacer les conservateurs de Stephen Harper avec un gouvernement social-démocrate du NPD et j'ai beaucoup d'appuis à travers le Québec », a dit le chef du NPD.

«À travers le Québec, pour la première fois depuis une génération, il y a une équipe d'hommes et de femmes qui travaillent sans relâche pour faire ici un gouvernement progressiste, pour se débarrasser de Stephen Harper et de ses conservateurs et pour que les Québécois rentrent par la grande porte, qui rentrent en force au conseil des ministres pour faire partie d'un gouvernement progressiste. C'est cela la voie de l'avenir, c'est cela l'espoir et le côté optimiste de l'offre du NPD. On a travaillé sans relâche depuis quatre ans. Regardez-nous bien aller le 19 octobre », a-t-il aussi affirmé.

Pour sa part, le député indépendant André Bellavance, l'un des quatre députés bloquistes ayant survécu à la vague orange en 2011, a exclu un retour au Bloc québécois. Il a aussi réaffirmé son intention de ne pas briguer les suffrages aux prochaines élections.

« Je voue le plus grand respect à Gilles Duceppe, avec qui j'ai eu la chance de siéger pendant sept ans. Je salue sa volonté de donner encore de l'énergie à son parti et à notre cause commune, la souveraineté du Québec. J'ai cependant tourné la page et je ne serai pas sur les rangs lors du prochain scrutin fédéral, prévu pour octobre prochain », a affirmé M. Bellavance, le député de Richmond-Arthabaska depuis 2004.

« La décision que j'ai prise le 25 août dernier était mûrement réfléchie et je la maintiens. Dix mois plus tard, je suis toujours à l'aise avec cette décision et ma carrière empruntera un autre chemin que celui de la Chambre des communes, où j'ai passé avec fierté onze années bien remplies au service de la population de Richmond-Arthabaska », a-t-il dit dans un communiqué. 

- Avec Joël-Denis Bellavance à Ottawa