Le bureau du premier ministre Stephen Harper a reconnu avoir commis une erreur et a retiré mardi deux vidéos qui auraient pu compromettre la sécurité des soldats qui sont présentement en mission contre le groupe armé État islamique (ÉI).

Les images de «24 sept», un magazine vidéo hebdomadaire géré par le service des communications du chef conservateur, permettaient de distinguer les visages de certains membres des forces spéciales.

Elles ont été captées lors de la récente visite surprise de M. Harper en Irak et au Koweït.

Les représentants des médias qui étaient du voyage avaient dû s'engager par écrit à ne pas diffuser d'images de ces militaires par crainte de représailles de djihadistes du groupe ÉI.

La consigne a été respectée par les journalistes et les photographes, mais le média maison de Stephen Harper a publié en ligne des vidéos où l'on pouvait distinguer assez clairement les visages de certains soldats en arrière-plan.

Après que des interrogations eurent été soulevées, les images avaient été retirées à des fins d'examen, tôt mardi matin.

«Lorsque des préoccupations ont été soulevées au sujet de certaines images, nous avons immédiatement retiré ces images afin de vérifier si les protocoles avaient bien été suivis», a expliqué dans une déclaration écrite Catherine Loubier, l'attachée de presse du premier ministre Harper.

«Après le deuxième examen, il est devenu clair que deux des vidéos n'auraient pas dû être mises en ligne. Nous regrettons cette erreur et examinons tous les protocoles de publication d'images numériques», a-t-elle conclu.

La recommandation du retrait des vidéos est venue des Forces armées canadiennes (FAC), selon un communiqué publié mardi en fin de journée.

«À la suite d'une évaluation par les FAC des photos et des vidéos en question, nous avons choisi, bien que le risque soit jugé faible, de recommander que deux d'entre elles ne soient pas affichées», a déclaré le chef d'état-major de la Défense, le général Tom Lawson.

Il a par ailleurs assuré qu'il n'y avait pas lieu de rapatrier les soldats dont on a aperçu les visages sur les vidéos.

«Il n'est certainement pas nécessaire de retirer tout membre des FAC de l'opération Impact», a indiqué le général Lawson.

La mise en ligne de ces vidéos a suscité l'ire de l'opposition à Ottawa.

Pour le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Marc Garneau, le gouvernement est soit coupable d'avoir fait preuve «d'incompétence», soit d'avoir fait de la «propagande» au péril de la sécurité des membres des Forces armées canadiennes.

Chose certaine, il s'agit d'une «stupidité», a-t-il tonné en point de presse, se disant «frustré» - ce que son langage non verbal traduisait clairement.

«On parle de mettre en danger la vie de nos forces spéciales. Ce sont des gens qui travaillent, si je peux dire, dans l'obscurité. Il ne faut pas que leur visage soit vu, particulièrement par des terroristes», s'est-il insurgé dans le foyer des Communes.

Le porte-parole néo-démocrate en matière de défense, Jack Harris, a lui aussi vertement critiqué le gouvernement, affirmant que le premier ministre Harper «utilise ce voyage dans sa campagne de relations publiques» à des fins électoralistes, ce qui est «inacceptable».