Le sommet des premiers ministres sur les changements climatiques a mis en relief les clivages entre certaines provinces sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, a affirmé que les efforts du Canada pour lutter contre les changements climatiques seront marginaux si le reste du monde ne s'active pas à réduire la pollution causée par le charbon.

À ses homologues réunis à l'initiative du Québec pour discuter de la question climatique, M. Wall a fait valoir que le Canada émet moins que 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le secteur pétrolier, montré du doigt par plusieurs écologistes, est à l'origine de 7% des émissions canadiennes.

Bien qu'il salue l'initiative de Philippe Couillard, le premier ministre saskatchewanais a indiqué que les plus gros efforts pour contrer les changements climatiques doivent cibler la combustion de charbon, qui a surtout lieu dans les autres pays.

« Oui, ce que nous faisons ici est important, a-t-il dit. Mais est-ce aussi important qu'une solution mondiale technologique pour produire de l'électricité de manière plus propre ? Je crois que non. Ce n'est pas si important, en comparaison. »

Importante productrice de pétrole, la Saskachewan a investi 1,4 milliards pour mettre au point un système de captation du carbone dans une centrale au charbon près de la ville d'Estevan. Environ 90% de ses émissions sont captées, stockées, puis vendues à des entreprises pétrolières qui les injectent sous terre pour augmenter la productivité de leurs puits.

M. Wall note que le charbon est plus polluant que le pétrole et que son usage augmente à un tel rythme qu'il deviendra la première ressource énergétique mondiale dans les prochaines années. Si le monde ne s'active pas à réduire les émissions des centrales et usines au charbon, les efforts canadiens ne travailleront que sur les « marges » du problème des changements climatiques, selon le premier ministre.

Les commentaires de M. Wall ont mis en relief les divergences des provinces sur les moyens de lutter contre les changements climatiques. Lundi, l'Ontario a rejoint le Québec et le Californie dans un système de plafonnement et d'échange des émissions de carbone.

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, s'est dite en désaccord avec M. Wall.

« C'est important de reconnaître que nous sommes un petit pays en matière d'émissions, mais nous sommes de gros émetteurs par capita, a-t-elle souligné. Cela veut dire que nous avons une plus grande responsabilité pour innover, trouver des moyens de créer des technologies qui permettront de réduire les émissions de GES, ici et ailleurs. »

Rappelons que le premier ministre sortant de l'Alberta, Jim Prentice, n'a pu assister au sommet de Québec parce qu'il se trouve en campagne électorale. Sa province émet à elle seule 36% des GES au Canada.

Fédéral

Les provinces se sont montrées en accord sur une chose : que le gouvernement Harper devrait rejoindre la conversation lancée par les provinces sur les changements climatiques.

« À cette étape-ci, ça aurait au moins de demander à se rencontrer, a dit Brian Gallant, le premier ministre du Nouveau-Brunswick. Rencontrer les provinces et les territoires pour jaser de ce qu'on peut faire collectivement pour combattre les changements climatiques. »

Mme Wynne a pour sa part dénoncé les commentaires du ministre fédéral des Finances, Joe Oliver. Celui-ci a affirmé lundi que le marché du carbone auquel l'Ontario vient d'adhérer équivaudrait à une taxe sur le carbone qui ferait augmenter le prix de tous les biens et nuirait à l'économie.

« C'est une abdication de responsabilité, a dit Mme Wynne. Chaque gouvernement a une responsabilité pour l'avenir. Chaque gouvernement a une responsabilité de trouver des méthodes, des mécanismes pour améliorer cette situation. »