Le Bloc québécois se défend d'avoir changé de position sur le projet de loi antiterroriste C-51, qu'il a qualifié mercredi d'«inacceptable et néfaste» et auquel il s'opposera.

La formation politique a annoncé mercredi par voie de communiqué qu'elle voterait contre C-51 puisque le comité qui se penche sur la mesure législative a rejeté les amendements qu'elle mettait de l'avant.

Les conservateurs, qui sont majoritaires au comité de la sécurité publique et nationale, ont agi de façon «quasi-dictatoriale» lors des audiences, et les troupes du premier ministre Stephen Harper ont démontré qu'elles «sont une menace à la démocratie», a dénoncé le chef bloquiste Mario Beaulieu.

Il y a environ un mois et demi, le Bloc québécois s'était dit favorable au principe du projet de loi des conservateurs.

«Alors que les démocraties occidentales font face à une montée du djihadisme, il faut se donner les outils nécessaires pour assurer la sécurité de la population et c'est pourquoi nous sommes favorables au projet de loi des conservateurs», avait déclaré M. Beaulieu par voie de communiqué le 18 février dernier.

Le chef bloquiste s'est défendu mercredi d'avoir fait volte-face dans ce dossier, assurant qu'il était «clair dès le début» que les deux députés du Bloc à la Chambre des communes allaient voter contre C-51.

«On a adopté le principe, mais on n'était pas favorables au projet de loi tel quel. C'est plus dans ce sens-là», a-t-il exposé en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Dès le départ, en tout cas, pour moi, peu importe la formulation, ça a toujours été très clair que oui, on est d'accord pour plus de sécurité, mais avec des garanties pour maintenir notre liberté d'expression», a poursuivi M. Beaulieu.

Le projet de loi C-51 élargirait considérablement les pouvoirs des agences de sécurité nationales, dont le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), tout en facilitant le partage d'information entre les différents ministères et agences fédéraux.

Des coups de sonde ont récemment démontré que l'appui populaire au projet de loi avait fléchi au fur et à mesure que des inquiétudes étaient soulevées - quatre ex-premiers ministres du Canada et d'anciens juges de la Cour suprême l'avaient notamment critiqué dans une lettre ouverte.

Le chef du Bloc québécois jure que les sondages d'opinion n'ont pas influencé la position de son parti au fil des semaines.

«On a voulu avoir une position responsable, faire appel au côté rationnel plutôt qu'émotif des gens», a-t-il plaidé.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert du Canada y sont farouchement opposés et ont annoncé qu'ils voteraient contre.

Le Parti conservateur, majoritaire en Chambre, devrait bénéficier de l'appui du Parti libéral du Canada (PLC), qui s'était assez rapidement rallié au projet de loi antiterroriste même s'il le jugeait imparfait.