Les autorités canadiennes ont multiplié les déclarations, hier, afin de calmer les esprits dans la foulée de la mort du sergent Andrew Joseph Doiron en Irak après qu'un commandant des troupes kurdes eut blâmé les soldats canadiens pour l'incident tragique survenu dans la nuit de vendredi.

Le premier ministre Stephen Harper s'est d'ailleurs entretenu hier avec son homologue irakien, Haïdar al-Abadi, pour mettre fin à toute apparence de frictions entre les deux pays, alors que le gouvernement canadien jongle avec l'idée de prolonger la mission militaire en Irak, qui doit en principe prendre fin au début du mois d'avril.

Selon des informations diffusées par le bureau de M. Harper, le premier ministre al-Abadi a présenté «ses sincères condoléances» à la suite de la mort du soldat Doiron, qui a été tué lors d'un accident de tir fratricide dans le nord de l'Irak. Il a également offert «ses voeux de prompt rétablissement» aux trois membres des Forces d'opérations spéciales qui ont été blessés au cours du même accident.

Pour sa part, M. Harper a réaffirmé l'engagement du Canada à apporter de l'aide au gouvernement irakien et à appuyer les efforts de la coalition internationale contre le groupe armé État islamique.

Rien à se reprocher

Alors que plusieurs questions demeurent sans réponses, même si le commandant des peshmerga (combattants kurdes), Mosa Gardi, a été prompt à jeter le blâme sur les soldats canadiens, le ministre de la Défense, Jason Kenney, ainsi que le chef d'état-major des Forces armées, le général Tom Lawson, ont soutenu que les militaires canadiens ont suivi les protocoles habituels et n'ont donc rien à se reprocher.

Aux Communes, hier, le ministre Kenney réaffirmé que les forces spéciales canadiennes revenaient à un poste d'observation lorsque les forces kurdes les ont pris pour leurs ennemis et ont ouvert le feu sur eux.

«Cet incident tragique a été causé par des tirs fratricides résultant d'une erreur sur l'identité. Nos troupes ont suivi tous les protocoles établis et qu'ils suivent depuis plusieurs mois lorsqu'ils se trouvent dans ce genre de mission de formation», a indiqué le ministre.

Il a précisé que trois enquêtes sont en cours afin de déterminer les circonstances exactes entourant la mort du soldat Doiron, le premier militaire à perdre la vie depuis le début de la mission de six mois entreprise en octobre.

En principe, le rôle des 69 membres des Forces d'opérations spéciales est de fournir de la formation, de l'assistance et des conseils tactiques aux forces de sécurité irakiennes. Mais depuis janvier, la mission a évolué au point que des militaires canadiens ont échangé des tirs à quelques reprises avec l'ennemi.

Le Nouveau Parti démocratique a de nouveau accusé le gouvernement Harper, hier, de cacher la vérité aux Canadiens quant à la nature de cette mission. Le Canada participe également aux frappes aériennes menées par la coalition internationale qui lutte contre l'EI.

Combats intenses

Selon Basnews, des combats intenses auraient eu lieu dans la nuit de vendredi entre les combattants kurdes et ceux de l'EI, près de Bashiqa, au nord de Mossoul. «Les conseillers canadiens ont quitté leur véhicule et ont marché dans le secteur. Ils se sont retrouvés très proches des combats sans notre coordination. Lorsque les peshmerga les ont aperçus, ils leur ont demandé de s'identifier et ils ont répondu en arabe, ce qui leur a fait croire qu'il s'agissait de combattants du groupe EI, alors ils ont tiré», a soutenu le commandant Gardi.

Le général Tom Lawson a affirmé qu'il aurait été souhaitable d'attendre la fin des enquêtes avant de tirer de telles conclusions.

«Les Kurdes avec lesquels nous travaillons dans cette région ont une meilleure idée de ce qui s'est passé. Nous voulons faire baisser un peu le ton et voir ce que concluent l'équipe d'enquête de la coalition et nos deux équipes d'enquête», a indiqué hier le général Tom Lawson, au cours d'un point de presse.