Le ministre fédéral de l'Immigration connaît-il la différence entre un hidjab et un niqab?

Chris Alexander assure que oui, même s'il met le hidjab et le niqab dans le même panier dans le débat entourant l'interdiction de faire prestation de citoyenneté canadienne le visage couvert.

Il est d'avis, à l'instar du premier ministre Stephen Harper, qu'il serait «offensant» de voir une nouvelle arrivante entrer dans la «famille canadienne» en prêtant serment avec un voile dissimulant son visage.

Or, au cours des derniers jours, le ministre Alexander a fait un amalgame entre niqab et hidjab, alors que seul le premier recouvre complètement le visage, à l'exception des yeux.

Est-il conscient que les deux voiles sont différents? «Bien sûr, ce sont deux termes pour des voiles différents qui sont portés de façon différente», a-t-il lâché jeudi à sa sortie de la Chambre des communes.

Puis, il a ajouté ceci: «Il faut participer à la cérémonie de citoyenneté à visage découvert. C'est tout ce qu'on fait. On ne peut rien porter, ni un masque de hockey, ni un voile de mariage, ni quelque autre voile que ce soit».

Mais avec un hidjab, le visage reste découvert, ont insisté les journalistes. Le ministre Alexander s'est alors empressé de descendre les marches menant à la sortie.

Le premier ministre Harper avait annoncé la semaine dernière que son gouvernement comptait porter en appel une décision de la Cour fédérale autorisant une femme à conserver son voile intégral lors de cet événement.

«La plupart des Canadiens trouveraient offensant qu'une personne cache son identité au moment même où elle souhaite se joindre à la famille canadienne. Ce n'est pas notre façon de faire et ce n'est pas acceptable», avait-il affirmé en point de presse, lors d'un passage à Victoriaville.

En début de semaine, le ministre Alexander a fait écho à ces propos dans un courriel envoyé aux abonnés de la liste de distribution du Parti conservateur, qui comprenait un lien vers une pétition électronique.

Mais au lieu de parler d'une décision de la Cour fédérale concernant le port du niqab, il a dit que la décision «permettrait à des gens de porter le hidjab» pendant la prestation de serment.

Le Parti libéral, qui s'oppose à la décision du gouvernement de porter la cause en appel, a relevé la coquille et interrogé le ministre en Chambre à ce sujet, mercredi.

«Il me semble qu'une personne occupant le poste de ministre de l'Immigration devrait connaître la différence entre un niqab et un hidjab», a exposé la députée ontarienne Chrystia Freeland.

M. Alexander a répliqué qu'il avait travaillé comme diplomate en Afghanistan et au Pakistan, «où, sous l'influence terrible des talibans, le hidjab a été utilisé, tout comme le niqab et la burka, pour couvrir le visage des femmes».

«Ces pratiques n'ont pas leur place dans nos cérémonies de citoyenneté où nous insistons pour confirmer l'identité de nos nouveaux citoyens, ainsi que leur engagement à respecter nos lois, notre souveraineté, nos valeurs et nos traditions», a-t-il conclu.

Quelques heures plus tard, sur Twitter, il a écrit lors d'un échange avec un proche conseiller de Justin Trudeau que les libéraux «défendaient l'indéfendable» dans ce dossier.

«Niqab, hidjab, burqa, voile de mariage - ce qui recouvre le visage n'a aucune place» dans les cérémonies de citoyenneté, a-t-il écrit.

Donc, est-ce à dire que le gouvernement serait également en faveur de l'interdiction du hidjab lors de ces événements?

Aucune réponse au bureau du ministre Alexander - sauf qu'«il est offensant qu'une personne cache son identité au moment même où elle s'engage à se joindre à la famille canadienne», a écrit Kevin Ménard, son attaché de presse.