La nouvelle députée libérale Eve Adams souhaite clouer le bec à ses détracteurs, qui l'accusent d'opportunisme pour avoir changé de camp à huit mois du scrutin, en affrontant le ministre des Finances Joe Oliver dans la circonscription torontoise d'Eglinton-Lawrence aux prochaines élections.

Selon des informations obtenues par La Presse, Mme Adams était déjà à pied d'oeuvre hier matin au sein de son nouveau parti. Elle a rencontré des militants libéraux de cette circonscription, qui a longtemps été un bastion libéral avant de basculer dans le camp des conservateurs aux élections du 2 mai 2011 à la suite de la victoire de Joe Oliver.

Lundi matin, Mme Adams a causé une commotion à Ottawa en annonçant, en compagnie du chef libéral Justin Trudeau, qu'elle claquait la porte du Parti conservateur afin de briguer les suffrages sous la bannière du Parti libéral aux élections générales du 19 octobre.

En confirmant cette décision, Mme Adams a décoché plusieurs flèches à l'endroit du premier ministre Stephen Harper, l'accusant de diriger un gouvernement «mesquin» et d'épouser des politiques fiscales, notamment le fractionnement du revenu pour les couples ayant des enfants de moins de 18 ans, qui favoriseront les riches au détriment de la classe moyenne.

«Ceux qui affirment qu'elle a fait preuve d'opportunisme en annonçant qu'elle se joint au Parti libéral vont se rendre compte que cela est faux. Elle va le démontrer en se présentant contre le ministre des Finances Joe Oliver», a indiqué une source qui a requis l'anonymat.

«C'est perdu d'avance»

Dans les rangs conservateurs, on a accueilli cette nouvelle avec un sourire. «C'est perdu d'avance si elle décide de se présenter contre le ministre des Finances», a-t-on affirmé, rappelant que Mme Adams s'était fait dire, il y a deux semaines, qu'elle ne pourrait pas être candidate conservatrice aux élections d'octobre à cause des tactiques qu'elle avait utilisées pour remporter l'investiture dans la circonscription d'Oakville - North-Burlington l'an dernier.

Photo: Bloomberg

Joe Oliver

Si elle est choisie comme candidate libérale par les militants libéraux dans la circonscription d'Eglinton-Lawrence, Mme Adams compte utiliser les déclarations de l'ancien ministre des Finances Jim Flaherty pour déranger M. Oliver, selon nos informations. Quelques jours après la présentation de son dernier budget, en février 2014, M. Flaherty avait ouvertement mis en doute le bien-fondé de la promesse des conservateurs de permettre le fractionnement du revenu. Il avait repris à son compte les conclusions de certaines études selon lesquelles cette mesure serait inique, coûterait une fortune au Trésor fédéral et favoriserait surtout les familles les plus fortunées, alors que les moins nantis n'obtiendraient pas leur juste part.

Mais il est loin d'être acquis que Mme Adams remportera l'investiture sans égratignure. Car un avocat de Toronto, Marco Mendicino, a manifesté l'intérêt d'être candidat dans cette circonscription. En outre, le député libéral provincial de cette circonscription, Mike Colle, a dit être farouchement opposé à ce qu'elle porte la bannière du PLC aux prochaines élections.

Cela dit, la décision de Mme Adams a aussi fait des vagues parce qu'elle a l'appui sans équivoque de son conjoint, Dimitri Soudas, qui a été pendant près d'une décennie un proche collaborateur de Stephen Harper. M. Soudas a notamment été directeur des communications du premier ministre avant de quitter ses fonctions après l'obtention d'un mandat majoritaire des conservateurs, en 2011.

M. Soudas a fait savoir aux stratèges libéraux qu'il appuie la décision de sa conjointe, mais qu'il n'a pas l'intention de leur dévoiler quelque secret que ce soit au sujet des conservateurs, selon nos informations.

Photo: Bloomberg

Joe Oliver