Le NPD voit dans la décision du Bureau de la régie interne (BRI) d'envoyer une facture de 2,75 millions de dollars à 68 députés néo-démocrates pour les «bureaux satellites» du parti au Québec une manoeuvre de diversion pour faire oublier le procès très attendu du sénateur Mike Duffy, en avril.

C'est que les 68 députés du NPD visés disposent de 90 jours pour rembourser à la Chambre des communes les salaires versés à des employés qui travaillaient dans ces bureaux satellites de Montréal à même le budget de fonctionnement de leur bureau parlementaire.

Le BRI, un comité parlementaire ultrasecret composé majoritairement de députés conservateurs et qui compte aussi des représentants du NPD et du Parti libéral, soutient que le NPD a enfreint les règles. Mais tout indique que les députés visés ne rembourseront pas cette imposante somme, le NPD ayant la ferme intention de contester cette décision du BRI devant la Cour fédérale, une décision qui risque de provoquer de nouvelles étincelles.

Or, l'échéancier imposé aux députés coïncide essentiellement avec le début du procès du sénateur Mike Duffy le 7 avril. M. Duffy, qui a été nommé au Sénat par le premier ministre Stephen Harper en décembre 2008, doit répondre à 31 chefs d'accusation relativement aux allocations de logement qu'il a empochées indûment. En tout, M. Duffy a touché plus de 90 000$ en indemnités de logement alors que sa résidence principale se trouve à Ottawa.

Le sénateur, qui a été expulsé du caucus conservateur au printemps 2013, refusait de rembourser cette somme. C'est alors que l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, a décidé de lui remettre un chèque personnel de 90 000$ pour l'aider à rembourser discrètement les contribuables. M. Wright a démissionné de son poste, mais la GRC n'a pas cru bon de déposer d'accusations contre lui.

«Visiblement, cette décision est une tactique des conservateurs pour faire diversion. Car en avril, il y a un procès important qui s'en vient: celui de Mike Duffy», a soutenu hier un stratège du NPD sous le couvert de l'anonymat.

Le NPD soutient que le BRI est «un tribunal fantoche» qui a rendu une décision partisane. Les députés conservateurs affirment au contraire que le NPD a enfreint les règles de la Chambre des communes et que les troupes de Thomas Mulcair doivent rembourser les contribuables. Le BRI a conclu que les employés de ces bureaux effectuaient des tâches de nature partisane, ce qui est interdit pour des salariés de la Chambre.

«Les règles ont toujours été claires. Contrairement au NPD de M. Mulcair, nous croyons que les partis politiques devraient payer eux-mêmes leurs bureaux de campagne. Le NPD semble avoir tendance à abuser des deniers publics», a soutenu le député albertain Blake Richards.

- Avec La Presse Canadienne