Le premier ministre Stephen Harper affirme que les Forces armées canadiennes respectent leur mandat, malgré leur participation à des combats au sol au cours des deux dernières semaines.

«Les troupes canadiennes, sous les ordres de leurs supérieurs, exécutent exactement la mission que les Canadiens leur ont confiée, celle à laquelle les Canadiens s'attendent: ils fournissent des conseils et de l'assistance», a martelé M. Harper hier, lors de sa première présence à la période de questions depuis la pause des Fêtes.

Les partis d'opposition accusent le gouvernement d'avoir induit la population en erreur en affirmant en septembre que les quelque 70 membres des forces spéciales déployés en Irak pour conseiller et former les forces de sécurité irakiennes n'iraient pas au front et ne participeraient pas aux combats.

Le haut commandement des forces armées a révélé que ces militaires avaient été impliqués dans trois échanges de tirs depuis deux semaines après avoir été attaqués par des combattants du groupe armé État islamique (EI), alors qu'ils se trouvaient au front pour conseiller et former les forces irakiennes.

Au commandement de la coalition d'une vingtaine de pays dirigée par les États-Unis, on a confirmé à La Presse, hier, que le Canada est le seul pays à avoir rapporté un tel incident.

Le haut commandement des Forces armées canadiennes a aussi révélé la semaine dernière que les forces spéciales canadiennes avaient participé depuis novembre à l'identification de cibles pour des bombardements aériens à au moins 13 reprises.

Le premier ministre a refusé de parler de cet aspect de la question, hier, comme l'ont fait ses ministres depuis une semaine. Il s'en est tenu au devoir des militaires de se défendre lorsqu'ils sont attaqués par l'ennemi.

«Devinez quoi? S'ils sont attaqués, [les militaires] vont riposter. Et s'ils tuent des terroristes de l'EI, les Canadiens vont les appuyer», a tranché M. Harper.

Contradictions

Il a aussi refusé de répondre aux questions de l'opposition sur les contradictions dans le discours de son gouvernement depuis l'envoi de ces militaires en septembre.

«Le 30 septembre dernier, voici ce qu'a dit le premier ministre: «Il s'agit de conseiller et d'assister, et non pas d'accompagner», a noté le député libéral Stéphane Dion. Hier, le ministre de la Défense nationale déclare ceci: «Je doute que nous puissions entraîner les soldats sans les accompagner.»»

Le chef du NPD Thomas Mulcair, qui réclame un débat au Parlement sur cette évolution de la mission, a dénoncé l'attitude de M. Harper et de ses troupes. «Le premier ministre sera jugé par les Canadiens sur ce qu'il a dit, pas sur la version qu'il a changée. Il a dit aux Canadiens qu'on n'était pas dans une mission de combat; c'était faux. Il sera jugé sur cela cette année.»