La nouvelle recrue au portefeuille des vétérans a semblé vouloir prendre ses distances face à son controversé prédécesseur, vendredi, lors de son premier discours public à titre de ministre des Anciens Combattants - et à quelques mois d'élections générales prévues en octobre.

Prenant la parole devant des collègues du Club Rotary, à Toronto, Erin O'Toole a commencé par admettre que son gouvernement avait connu des ratés avec les anciens combattants, et il a promis de créer un dialogue plus respectueux et éclairé.

Le nouveau ministre n'a jamais prononcé le nom de son prédécesseur, Julian Fantino, qui a subi les foudres des anciens combattants pour son manque de sensibilité et d'ouverture pendant ses 18 mois au portefeuille. Le premier ministre Stephen Harper l'a finalement renvoyé à son ancien poste de ministre adjoint à la Défense, le 5 janvier dernier, et a nommé la recrue Erin O'Toole, un ancien aviateur de l'armée, pour le remplacer.

M. Fantino avait soulevé l'ire des vétérans en défendant la décision de son ministère de ne pas utiliser tous ses crédits budgétaires, malgré les fermetures de bureaux d'accès, les réductions de personnel et les modifications aux régimes de pension et aux prestations des anciens combattants. On l'avait vu notamment à la télévision argumenter vigoureusement avec des vétérans mécontents, et ignorer dans les couloirs du parlement les appels émus de la conjointe d'un ancien combattant, qui voulait lui présenter ses doléances.

Le ministre O'Toole, lui, a tenté vendredi de faire la paix avec un électorat habituellement plutôt conquis au Parti conservateur, mais qui y est devenu hostile au cours des dernières années. Le ministre est cependant resté vague sur les moyens, promettant une «approche centrée sur les vétérans».

Il a soutenu que les fonctionnaires de son ministère devraient s'efforcer de réduire les délais et la bureaucratie, et d'être ouverts à la problématique de la maladie mentale qui touche plusieurs vétérans. Il s'est dit d'ailleurs renversé d'apprendre que le nombre de militaires aux prises avec des troubles liés au stress a doublé depuis cinq ans.

Le ministre O'Toole a aussi rappelé que les anciens combattants regroupent maintenant des vétérans très âgés de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à des plus jeunes qui ont fait la guerre en Afghanistan, des clientèles qui font face à des besoins très différents.

Depuis sa nomination, le ministre O'Toole a été très actif sur les médias sociaux. Il a aussi réagi rapidement lorsqu'on a appris que la personne qui défendait des vétérans devant le tribunal d'appel des anciens combattants n'était même pas un avocat. Il a consacré les trois dernières semaines, a-t-il dit, à parcourir le pays pour «écouter» les anciens combattants.