Le gouvernement Harper a finalement cédé aux pressions, hier, et lancé un appel à la clémence concernant la peine de 10 ans de prison et 1000 coups de fouet imposée au blogueur saoudien Raif Badawi.

Le blogueur de 32 ans a reçu ses 50 premiers coups de fouet vendredi. Il doit en recevoir 50 au cours de chacune des 20 prochaines semaines. Il a été condamné pour insulte à l'islam pour avoir prôné sur son blogue une plus grande liberté religieuse et d'expression au sein du royaume islamique.

La femme de M. Badawi s'est réfugiée à Sherbrooke avec leurs trois enfants, et elle a reçu l'appui de divers groupes et politiciens dans sa lutte pour tenter de sauver son mari.

Jusqu'ici, seul l'ambassadeur de la liberté religieuse du Canada, Andrew Bennett, avait dénoncé le châtiment. Le ministre des Affaires étrangères, de qui émanent généralement ces prises de position, était resté muet.

Le ministre Baird a fait volte-face en début de soirée. «Le Canada est vivement préoccupé par la flagellation publique de Raif Badawi. Cette peine est une violation de la dignité humaine et de la liberté d'expression, et nous lançons un appel à la clémence dans cette affaire», a-t-il déclaré dans un communiqué.

M. Baird a précisé que «bien que M. Badawi ne soit pas citoyen canadien», son gouvernement a fait des démarches auprès de l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Ottawa et qu'il a «parlé du dossier avec des parties qui s'inquiètent de la situation, y compris l'honorable Christine St-Pierre, ministre des Relations internationales du Québec».

Le Parti libéral a demandé au ministre des Affaires étrangères de poursuivre ses démarches et d'aborder le dossier lors de rencontres prévues avec le prince saoudien Turki al-Faisal. Ce dernier a dirigé les services de renseignement d'Arabie saoudite jusqu'en 2001 et a agi comme ambassadeur aux États-Unis de 2005 à 2007.

Des documents obtenus par La Presse indiquent que le ministre Baird pourrait rencontrer cette figure influente de la politique saoudienne dès la semaine prochaine lors de son passage au Forum économique mondial de Davos. Le prince al-Faisal pourrait aussi visiter Ottawa en février.

«On a de bonnes relations avec l'Arabie saoudite, mais ça ne veut pas dire qu'on n'a pas le droit de dire les vraies affaires. Et sur la question des droits de la personne, c'est important, et les Canadiens aimeraient que l'on soit franc avec eux», a déclaré le député libéral Marc Garneau.