Les publicités pour promouvoir le 150e anniversaire du Canada ont coûté jusqu'à maintenant près de 12 millions $ aux contribuables, alors que les célébrations commenceront seulement dans deux ans.

Ces chiffres rendent compte des dépenses pour la campagne publicitaire du 150e, mais aussi celle visant à commémorer la guerre de 1812. Par conséquent, les coûts ont gonflé de 5 millions $ par rapport à ce qui était prévu.

Près de 6,5 millions $ ont été investis pour des publicités sur les conférences de Charlottetown et de Québec, en 1864, qui sont diffusées sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels.

En outre, le gouvernement a déboursé 5,2 millions $ pour marquer le 200e anniversaire de la guerre de 1812.

Les conservateurs ont dévoilé ce rapport de dépenses à la suite d'une question inscrite au feuilleton, posée par les libéraux. Ils avaient demandé les montants alloués au 150e anniversaire pour chaque ministère, entre 2010 et 2020.

Seul le ministère du Patrimoine canadien avait des chiffres à fournir, mais le ministère s'est seulement rendu jusqu'à l'année fiscale 2014-2015. Les dépenses prévues après cette période n'étaient pas encore disponibles, est-il indiqué dans le document.

La porte-parole de la ministre responsable du dossier Shelly Glover a précisé que la commémoration de cette guerre faisait partie d'une série de publicités qui seront lancées d'ici 2017.

«Le gouvernement du Canada permettra aux Canadiens d'en apprendre davantage sur leur histoire, de se rappeler des événements, des réalisations et des personnes qui ont aidé à construire le Canada tel qu'il est aujourd'hui», a expliqué Marisa Monnin dans un courriel.

Le député libéral Stéphane Dion croit que le gouvernement conservateur tente ainsi d'améliorer son image. Selon lui, il n'y a rien de mal à vouloir célébrer cet anniversaire, mais aucune annonce concrète n'a été faite jusqu'ici pour vraiment marquer l'anniversaire, a-t-il déploré.

«C'est un gouvernement manipulateur. Ils brouillent la frontière entre l'information gouvernementale et les publicités partisaneries (...) Certaines publicités sur les Pères de la Confédération sont bien conçues, mais il n'y a pas de plan pour soutenir tout cela. Ils veulent seulement obtenir de la visibilité auprès des Canadiens», a-t-il remarqué.

La porte-parole de Mme Glover a assuré que des projets étaient en cours et qu'ils seraient rendus publics au moment opportun.

Les partis d'opposition à Ottawa ont souvent reproché aux conservateurs de lancer des publicités gouvernementales teintées de partisanerie. Par exemple, 2,5 millions $ avaient été dépensés pour faire la promotion d'un programme de formation professionnel qui n'avait même pas été annoncé officiellement.

Le Conseil du Trésor, qui supervise les opérations gouvernementales, estime que les communications du gouvernement devraient être à l'abri de toute partisane.

Or, selon le président du Conseil, Tony Clement, il est de la responsabilité des fonctionnaires de s'assurer que cette règle est appliquée et non aux politiciens.

«Chaque ministère doit s'assurer de respecter les directives (...) Je ne peux pas gérer tout ce trafic», s'est-il défendu, dans une entrevue récente.

En Ontario, le vérificateur général doit approuver toute publicité gouvernementale avant sa diffusion pour s'assurer qu'elle soit neutre politiquement. Il n'y a pas de telle loi au niveau fédéral. Les libéraux ont d'ailleurs présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur le sujet.

Selon le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'éthique, le gouvernement conservateur porte atteinte au processus démocratique en utilisant des fonds publics pour faire sa propre promotion.

«Il y a des règles, mais ce gouvernement croit que les règles sont pour les autres», a regretté Charlie Angus.