Le Canada et le Vatican ont joué un rôle important, mais différent dans le rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba, et les présidents Barack Obama et Raul Castro les ont remerciés dans leur annonce d'hier.

Une demi-douzaine de rencontres ultrasecrètes ont eu lieu à Ottawa et à Toronto entre de hauts dirigeants cubains et américains depuis juin 2013, selon les informations obtenues par La Presse.

Le premier ministre Stephen Harper a insisté sur le fait que son gouvernement n'a pas joué un rôle de médiateur, mais a plutôt offert un endroit neutre pour permettre aux parties de se réunir discrètement et en toute quiétude.

«Le Canada s'est réjoui d'être l'hôte de hauts dirigeants des États-Unis et de Cuba, ce qui leur a permis de tenir ces importants pourparlers avec la discrétion nécessaire», a déclaré M. Harper dans un communiqué.

«Je ne veux pas exagérer le rôle que le Canada a joué, a ajouté M. Harper lors d'une entrevue de fin d'année avec CBC. Nous avons rendu disponibles des endroits où les deux pays pourraient avoir un dialogue et explorer les moyens de normaliser leurs relations.»

Lettre du pape

Le pape François a joué un rôle plus actif dans ce processus de réconciliation. Il a écrit une lettre aux présidents Barack Obama et Raul Castro il y a quelques mois pour appeler à la résolution de certaines questions humanitaires communes, dont la situation de personnes emprisonnées, et à entamer une nouvelle phase dans leurs relations.

Des représentants de l'administration américaine ont affirmé que cet appel avait eu une influence importante dans les pourparlers.

Le Vatican a aussi été l'hôte d'une ultime réunion, en octobre, où des représentants du Saint-Siège auraient aidé les délégations des deux pays à trouver un terrain d'entente.

Le fait que François soit le premier pape issu des Amériques a pu peser dans la balance, a souligné un représentant de l'administration Obama.

Rapprochement salué

Ce rapprochement historique, après un demi-siècle de relations glaciales, a été salué de toutes parts, dont au Canada.

Le premier ministre Harper a dit espérer que des élections libres se tiennent éventuellement à Cuba, mais que plusieurs autres changements devront être apportés auparavant dans l'île des Caraïbes dirigée par un régime communiste.

«Le Canada est en faveur pour Cuba d'un avenir ouvert aux valeurs fondamentales que sont la liberté, la démocratie, le respect des droits de la personne et de la règle du droit», a déclaré M. Harper.

Le chef libéral Justin Trudeau, dont le père a entretenu des relations étroites avec l'ancien président cubain Fidel Castro, a applaudi cette annonce. «En tant qu'ami de ces deux pays, le Parti libéral du Canada salue Cuba et les États-Unis pour cette avancée positive», a écrit M. Trudeau sur Twitter.

Le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires étrangères, Paul Dewar, s'est lui aussi réjoui de la nouvelle. «Aujourd'hui est une bonne journée pour toutes les personnes qui pensent que l'engagement est l'outil le plus efficace de la diplomatie. Nous souhaiterions que cette approche constructive soit employée davantage dans la politique étrangère du Canada», a déclaré le député du Nouveau Parti démocratique.

M. Dewar a également remercié les diplomates canadiens, «qui ont travaillé très fort sur ce dossier».