L'ancienne députée du Bloc québécois Maria Mourani se joint au NPD. Elle en a fait l'annonce à Ottawa mercredi en compagnie de son nouveau chef, Thomas Mulcair.

Mme Mourani continuera à siéger comme députée indépendante jusqu'aux prochaines élections, où elle pourrait alors se présenter dans sa circonscription d'Ahuntsic sous la bannière néo-démocrate.  

« Je ne peux pas vous dire aujourd'hui si je serai candidate du NPD parce que j'ai encore des gens à rencontrer, a-t-elle déclaré. Sous peu, je vous annoncerai ma décision pour 2015. »

La politique du NPD est que les députés doivent d'abord être élus comme candidats de la formation pour pourvoir siéger au caucus. Les candidats néo-démocrates dans chaque circonscription doivent aussi être élus par les membres du parti lors d'une assemblée d'investiture.

Le chef Thomas Mulcair s'est réjoui de sa nouvelle acquisition, disant que les positions de son parti, à l'égard d'un seuil de 50 % plus un dans un référendum sur la souveraineté, plaisent à un large éventail de Québécois.

« Maria est en train de nous faire un honneur en se joignant à nous aujourd'hui, mais elle envoie aussi un signal très clair : que les gens qui veulent un Canada progressiste où le Québec a sa place et il est respecté au-delà des symboles », a déclaré M. Mulcair.

Montréalaise d'origine libanaise, Maria Mourani s'est fait expulser du Bloc québécois l'an dernier pour ses propos contre la proposition de Charte des valeurs québécoises du gouvernement de Pauline Marois.

Une source au sein du Parti libéral du Canada a affirmé qu'elle les avait aussi approchés quant à la possibilité de joindre la formation de Justin Trudeau. « Certaines de ses positions n'auraient pas fait l'unanimité au PLC, notamment à l'égard d'Israël », a ajouté cette source.

Mme Mourani a nié ces informations et affirmé que c'est plutôt le Parti libéral qui l'a approchée rapidement après son départ du Bloc, mais qu'elle a décidé de ne pas joindre ses rangs. Elle s'est dit en désaccord avec certaines de ses politiques et affirmé que ces pourparlers lui ont laissé l'impression que Justin Trudeau manque de leadership.

« J'avais besoin de parler avec le leader si j'allais joindre le parti. Je devais savoir si nous avions une connexion, a-t-elle relaté. Mais on m'a dit : "Non, Maria, ce n'est pas important de le rencontrer!" »

Sur la question israélienne, où certains de ses propos ont soulevé la controverse dans le passé, elle a réitéré sa position d'une solution pacifique qui repose sur l'existence de deux États. « Je ne suis pas et je n'ai jamais été pro-Hezbollah. Il faudrait que ce soit très clair », a lancé la députée.

Les pourparlers avec le NPD ont commencé formellement vers la mi-septembre et une entente aurait été conclue au terme d'une réunion il y a deux semaines entre la députée, Thomas Mulcair et la directrice nationale du Parti, Anne McGrath.

Criminologue de formation, Maria Mourani est devenue la première femme d'origine libanaise à être élue à la Chambre des communes en 2006 dans la circonscription d'Ahuntsic, dans le Nord de Montréal. Elle représentait alors le Bloc québécois.

L'adhésion du Bloc au projet de Charte des valeurs a mené à une rupture avec Mme Mourani en septembre. Elle avait décidé d'agir comme porte-parole du groupe des « Indépendantistes pour une laïcité inclusive », contre la volonté du chef bloquiste de l'époque, Daniel Paillé. Elle avait décrit la Charte comme une manoeuvre électoraliste qui aliénerait de nombreuses communautés culturelles des rangs souverainistes.

Dans une lettre rendue publique quelques mois plus tard, elle a annoncé que l'incident lui avait fait réaliser que le fédéralisme était le meilleur moyen de protéger les droits des Québécois.

Elle s'est dite heureuse mercredi de joindre les rangs d'une nouvelle famille. « J'ai expérimenté la vie de députée indépendante. Je suis une fille d'équipe, moi. J'aime ça être en équipe et qu'on puisse travailler ensemble pour faire avancer des dossiers. »

Elle a enfin laissé entendre que sa décision de se présenter aux élections générales de 2015 comme candidate du NPD fait peu de doute dans son esprit. « J'ai le goût encore de faire de la politique, sinon je ne serais pas devant vous. »