Deux ministres québécois du gouvernement Harper marquent leurs distances à l'endroit de leur collègue Denis Lebel. Le nouveau pont sur le Saint-Laurent devrait conserver le nom de Champlain, soutiennent Maxime Bernier et Christian Paradis, voulant couper court aux louvoiements du lieutenant québécois de Stephen Harper, hier.

De passage à Québec, le ministre Lebel a annoncé qu'Ottawa renonçait à baptiser le futur ouvrage pont Maurice-Richard. Ce nom «ne faisait plus partie de la réflexion» pour désigner le «nouveau pont sur le Saint-Laurent». Devant la controverse soulevée depuis samedi dernier, la famille du Rocket a demandé mercredi soir qu'on n'utilise pas le nom de leur père, a expliqué le ministre de l'Infrastructure. Pour Denis Lebel, Ottawa allait poursuivre sa réflexion sur le nom à donner au nouvel ouvrage, attendu pour la fin de 2018.

«Depuis le début, la terminologie est un nouveau pont sur le Saint-Laurent. Après discussion avec la famille, il a été convenu que le nom de Maurice Richard soit retiré de la réflexion», a indiqué M. Lebel.

Mais à la sortie de la période quotidienne des questions aux Communes, deux collègues ministres de Stephen Harper au Québec voyaient les choses d'un tout autre oeil. «Maintenant que le nom de Maurice Richard n'est plus dans le décor, «on pourrait passer à l'étape suivante, confirmer que nous gardons le nom de Champlain pour le pont Champlain», a laissé tomber avec un sourire entendu Maxime Bernier, ministre délégué au Tourisme. «Je suis partisan de garder le nom actuel. J'espère qu'on devrait être capable de faire une annonce dans les plus brefs délais», d'ajouter M. Bernier.

«Ravi» qu'une décision soit prise après une semaine de controverse, Christian Paradis y voit la preuve que le gouvernement est à l'écoute de la population. «Je vous fais part de ma préférence: c'est Champlain», de conclure M. Paradis, responsable de la Francophonie et ancien lieutenant du Québec pour le gouvernement Harper.

À Québec, le ministre des Transports, Robert Poëti se réjouit du cheminement du dossier: «Les citoyens se sont exprimés beaucoup, en peu de temps. On leur a donné le pouvoir.»

L'attachement des Québécois à l'égard de Champlain n'a pas surpris le ministre Lebel. Il relève que La Presse, hier, indiquait que le gouvernement Harper cherchait une autre façon d'honorer l'explorateur français. Il souligne qu'aucune décision n'a été prise sur l'opportunité de conserver ou non le nom de Champlain pour le nouvel ouvrage. «On va bâtir un pont qui va créer 30 000 emplois, probablement le plus gros projet de construction en Amérique du Nord, et cela fait trois jours qu'on ne parle que du nom!», laisse-t-il tomber.