Alors que le gouvernement s'apprête à déposer un projet de loi pour renforcer les pouvoirs des autorités sécuritaires, les partis d'opposition à la Chambre des communes ont lancé vendredi un appel à la prudence.

Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a affirmé que son gouvernement souhaitait que davantage de pouvoirs soient dévolus au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

On ignore les détails du projet de loi que ficelle actuellement le ministère, mais M. Blaney a déclaré jeudi en Chambre qu'il comptait «donner des outils nécessaires à nos agences d'application de la loi pour que les accusations se transforment en sentences».

Chacun à leur façon, les partis d'opposition ont servi une mise en garde au gouvernement, vendredi.

Du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD), on craint que la fébrilité qui règne actuellement sur la colline dans la foulée de la fusillade survenue mercredi à Ottawa puisse teinter indument le contenu du projet de loi.

«On va essayer de voir quel genre de criminel on a eu entre les mains avant de commencer à s'extrapoler dans le futur. Je pense que, comme dans bien des choses, il faut attendre que la poussière retombe», a plaidé la porte-parole du parti en matière de justice, Françoise Boivin.

D'autre part, avec son programme législatif de loi et d'ordre, «énormément de choses ont été adoptées» par le gouvernement Harper en matière de lutte au terrorisme, a-t-elle fait valoir.

«Alors commençons par regarder nos lois actuelles, ce que l'on a, et voir (...) s'il y avait des manques par rapport à ce qui s'est passé cette semaine ou s'il y aurait des choses qui auraient pu être utilisées», a spécifié l'élue, avocate de formation.

Il serait sage de procéder à des vastes consultations auprès des experts et des membres de la société civile avant d'adopter un projet de loi de façon trop hâtive, selon les néo-démocrates.

Quant au Parti libéral, il a émis la suggestion de créer un comité permanent qui serait composé des élus de la Chambre des communes et dont le mandat serait de superviser les activités des agences sécuritaires du pays.

«On reconnaît le besoin d'avoir plus de mesures de sécurité, mais en même temps, il faut s'assurer qu'il n'y a pas d'abus du côté des droits humains», a déclaré le député Marc Garneau.

Le gouvernement a vite écarté cette option lors de la période des questions en Chambre, vendredi matin, disant ne pas vouloir créer une nouvelle structure.

Le sort de tout projet de loi présenté par le gouvernement conservateur est généralement scellé d'avance, les troupes de Stephen Harper disposant d'une majorité aux Communes.