Le ministre canadien de la Défense, Rob Nicholson, refuse de préciser s'il est possible que le Canada poursuivre sa mission de combat en Irak après l'échéance de six mois fixée par le gouvernement.

«Ce que nous demandons, actuellement, c'est six mois, et nous avons été très clairs sur cela. Nous devons en tout temps évaluer ce que nous faisons», a-t-il déclaré à l'émission «Question Period» de la chaîne CTV, dimanche.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a prédit que le premier ministre demanderait une prolongation de la mission dans six mois, comparant la situation à celle de l'intervention militaire américaine en Irak en 2003.

«Si les Américains n'ont pas réussi leur mission en dix ans, nous n'arriverons pas à le faire en six mois. Nous devons apprendre du passé», a souligné M. Mulcair à la même émission.

Le premier ministre Stephen Harper a pourtant promis de ne pas entraîner le pays dans une longue guerre.

«Nous et nos alliés agissons maintenant justement pour éviter de nous retrouver dans une situation où le conflit sera plus profond, plus étendu et plus dangereux», a-t-il expliqué dans un communiqué diffusé vendredi.

Une motion sur l'intervention canadienne contre le groupe armé État islamique (EI) fera l'objet d'un débat et d'un vote lundi à la Chambre des communes.

Les néo-démocrates et les libéraux ont déjà annoncé qu'ils voteraient contre le plan du premier ministre Harper, en partie parce qu'ils craignent que le Canada se retrouve entraîné dans un bourbier interminable. Les deux partis prônent plutôt une augmentation de l'aide humanitaire pour les réfugiés de la région.

La motion sera tout de même approuvée, puisque les conservateurs sont majoritaires à la Chambre des communes.

Le Canada devrait donc déployer jusqu'à six avions de chasse CF-18 et 600 membres des Forces armées pour participer aux frappes aériennes dirigées par les États-Unis. Cependant, aucun militaire canadien ne participera à des opérations de combat terrestre.

Selon M. Harper, cette mission freinera l'avancée du groupe djihadiste et diminuera sa capacité de mener des attaques terroristes à l'extérieur de la région.

M. Harper a précisé que les frappes aériennes seraient d'abord menées en Irak, là où les besoins sont les plus pressants. Mais il a tout de même clairement ouvert la porte à des bombardements en Syrie.

Le Canada se joint donc à la coalition internationale regroupant les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Australie, entre autres.

Difficile de vaincre dans les airs

Toutefois, il sera impossible de gagner contre les combattants de l'EI sans soldat au sol, estime Roland Paris, directeur du Centre d'études en politique internationale de l'Université d'Ottawa.

Les islamistes se sont adaptés aux tirs aériens, notamment en se cachant dans des zones plus populeuses. En six mois, les militants de l'EI pourraient reculer, mais ils pourraient aussi gagner en force, selon le chercheur.

«Il y a de fortes chances qu'ils restent dans leurs tranchées tant que personne ne tentera de les sortir de là», a-t-il fait remarquer.

M. Paris croit d'ailleurs qu'il sera difficile pour le gouvernement canadien de se retirer après seulement six mois. «L'engagement initial est en soi une décision importante», estime-t-il.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Défense, Rob Nicholson