Le premier ministre Stephen Harper écarte l'idée de déployer des troupes canadiennes au sol dans le cadre de la prochaine mission militaire en Irak.

Mais les signes se multiplient quant à l'envoi imminent d'une demi-douzaine d'avions de chasse CF-18 et d'autres appareils des Forces canadiennes afin de participer aux frappes aériennes de la coalition internationale contre des cibles du groupe armé État islamique.

Deux avions ravitailleurs CC-150 de Forces canadiennes ont été envoyés aux services d'entretien en prévision d'un déploiement qui serait annoncé par le premier ministre vendredi, rapportait mercredi soir Radio-Canada. Ces appareils servent à approvisionner en carburant les CF-18 en plein vol.

Des avions de renseignement, surveillance et reconnaissance pourraient aussi être déployés dans cette région afin de contrer la menace que représente l'EI. M. Harper entend soumettre une motion à la Chambre des communes pour autoriser un tel déploiement. Les députés seront appelés à débattre de cette mission de combat. Un vote aura ensuite lieu.

Après avoir expliqué à son caucus mercredi matin les grandes lignes de la mission de combat qu'il envisage, M. Harper a affirmé à la Chambre des communes en après-midi que le déploiement de troupes au sol n'est pas une option envisagée par les alliés.

« Tous nos alliés ont écarté un déploiement à grande échelle en Irak et en Syrie. Alors, évidemment, ce n'est pas quelque chose que nous sommes en train d'envisager », a affirmé le premier ministre.

Soumis à un nouveau barrage de questions de la part du chef du NPD Thomas Mulcair, M. Harper a indiqué que les coûts de la nouvelle mission de combat seront absorbés par le ministère de la Défense. Il n'a toutefois pas été en mesure de dire précisément combien cet effort militaire supplémentaire coûterait au gouvernement.

« Jusqu'à maintenant, les décisions prises sont [financées à même] le budget actuel de la Défense nationale. Notre [priorité numéro un] [...] est la sécurité des Canadiens. Le gouvernement va dépenser ce qui est nécessaire pour assurer celle-ci », a-t-il affirmé.

Le premier ministre s'est aussi dit convaincu que la majorité des Canadiens sont d'accord avec son gouvernement que le Canada ne peut se cantonner dans un rôle de spectateur alors que le groupe EI continue de semer la terreur dans une région du globe.

Selon des informations obtenues par La Presse, M. Harper s'est gardé mercredi de dévoiler au caucus conservateur tous les détails des options qui s'offrent au Canada. Il a essentiellement réitéré devant ses troupes les propos qu'il avait tenus aux Communes, à savoir que le Canada avait l'obligation de faire sa part dans la campagne que mène la coalition assemblée par les États-Unis pour annihiler l'EI, qu'il fallait s'assurer que la contribution canadienne soit à la mesure de ses capacités militaires et qu'il fallait aussi que cette participation soit pour une période déterminée.

Même si les députés conservateurs n'ont pas eu droit à des détails précis, ils ont tour à tour affirmé devant les journalistes qu'ils appuient une mission de combat.

« Ils ont enlevé les têtes des journalistes, ils ont violé des femmes, alors c'est certain que moi, je suis complètement d'accord qu'il faut les arrêter et on va faire notre possible », a déclaré la ministre du Patrimoine, Shelly Glover.

Le ministre d'État à la Petite Entreprise, Maxime Bernier, a renchéri : « Je pense qu'il est dans l'intérêt des Canadiens et de la communauté internationale que le Canada fasse partie de la coalition internationale, et c'est ce qu'on est en train de discuter. »

Par ailleurs, le Canada a finalement déployé moins de soldats que prévu dans le cadre de la mission actuelle en Irak qui doit prendre fin dimanche.

Ce n'est pas 69 soldats, comme l'avait indiqué le premier ministre Stephen Harper aux Communes la semaine dernière, mais bien 26 soldats canadiens qui ont été déployés dans le nord de l'Irak, a précisé mercredi midi le ministre des Affaires étrangères, John Baird.

Les informations contradictoires sur le nombre de soldats déployés ont soulevé la colère des partis d'opposition. Le chef du Parti libéral Justin Trudeau a accusé le premier ministre de manquer de franchise envers les Canadiens.

« Si le premier ministre veut engager le Canada dans une guerre en Irak, il doit d'abord s'expliquer auprès des Canadiens. Il pourrait commencer par être ouvert et transparent sur la mission de 30 jours qui est sur le point de se terminer », a-t-il dit.