Une nouvelle étude gouvernementale laisse entendre que les nouveaux arrivants au pays ont des craintes concernant les efforts d'Ottawa pour s'assurer que les immigrants potentiels possèdent les compétences nécessaires pour correspondre à la demande au pays.

Dans une étude d'Ipsos Reid commandée plus tôt cette année par Citoyenneté et Immigration Canada, les répondants se sont demandé pourquoi le gouvernement fédéral n'en faisait pas davantage pour trouver des emplois aux immigrants qualifiés déjà présents au Canada, mais qui «ont été frustrés par l'absence de reconnaissance de leur formation et leur incapacité à acquérir suffisamment d'expérience au pays».

En vertu du nouveau système d'entrée express au pays, qui sera lancé en janvier, les employeurs canadiens pourront embaucher des candidats hautement qualifiés de l'étranger s'il n'y a pas de main-d'oeuvre disponible au sein de la population existante ou chez les résidents permanents.

Les candidats passant par ce système et qui se verront offrir des postes ou qui sont nommés en vertu du Programme des candidats des provinces seront invités à demander leur résidence permanente.

En agissant de la sorte, Ottawa espère réduire les recours aux travailleurs étrangers temporaires et s'attaquer à la présumée pénurie de travailleurs qualifiés. Pour le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration Chris Alexander, ce projet est une «priorité essentielle» pour son ministère. «L'embauche accélérée changera le système migratoire, mais aussi économique au pays, a-t-il déclaré récemment. Cela va révolutionner la façon dont nous attirons les immigrants qualifiés et leur permettrons de travailler plus rapidement.»

L'étude suggère cependant que les nouveaux arrivants ne sont pas convaincus par ce nouveau système.

Répartis en 14 groupes de consultation dans sept villes à travers le pays, les personnes sondées se sont aussi interrogées sur l'intégrité du processus, se demandant entre autres quels mécanismes seraient en place pour éviter de la fraude de la part du demandeur et de l'employeur potentiel. «Un certain nombre de participants, dans toutes les sessions de discussions, se demandaient pourquoi le gouvernement se concentrait sur les gens n'ayant pas encore immigré au Canada, plutôt que sur ceux qui s'y trouvent déjà», indique l'étude.

Le ministre Alexander rencontre depuis plusieurs mois les personnes impliquées dans ce dossier et des dirigeants d'entreprises en prévision du nouveau système d'embauche accélérée. Son ministère n'a pas immédiatement répondu à une demande d'entrevue à propos de l'étude Ipsos Reid.

Alors que le lancement du programme approche à grands pas, Ottawa a commencé à accepter 25 000 demandes en vertu du programme fédéral de travailleurs qualifiés, et recrute activement des immigrants qualifiés dans 50 métiers et domaines, y compris en comptabilité, en génie civil et en psychologie.

Une autre étude gouvernementale laisse néanmoins entendre que des nouveaux arrivants qualifiés se trouvant déjà au pays - y compris des médecins, des pharmaciens et des ingénieurs - font face à «d'importants obstacles» pour trouver un emploi, et ce, même lorsqu'ils répondent aux exigences. Selon les participants à cette étude, les barrières de la langue et la nécessité d'avoir de l'expérience en terre canadienne comptent pour beaucoup dans les problèmes pour trouver du travail.