La santé de l'économie canadienne, l'utilisation des surplus à venir, la participation du Canada à la coalition internationale menée par les États-Unis pour combattre les djihadistes de l'État islamique (EI) et le scandale des dépenses au Sénat feront partie des enjeux qui soulèveront les passions à la Chambre des communes, qui reprend ses travaux aujourd'hui après une pause estivale de 10 semaines.

Mais tous les députés sont conscients que la reprise des travaux marque aussi le début d'une longue campagne de séduction des électeurs puisque les prochaines élections doivent avoir lieu le 19 octobre 2015, dans environ 13 mois.

Les leaders des trois principaux partis aux Communes - le premier ministre Stephen Harper, le chef du NPD, Thomas Mulcair, et le chef du Parti libéral, Justin Trudeau - se comportent comme si la campagne électorale était déjà lancée.

Stephen Harper, qui occupe toute la place dans une nouvelle offensive publicitaire des conservateurs vantant les qualités de gestionnaire du premier ministre, annoncera les priorités de son gouvernement pour les prochains mois ce matin devant des centaines de militants réunis au Centre des congrès d'Ottawa. L'économie, la réduction du fardeau fiscal des contribuables et la lutte contre la criminalité seront évidemment au coeur de ses priorités.

Thomas Mulcair a commencé à dévoiler les principaux éléments du programme de sa formation politique à un an des élections. Après avoir promis la création d'un programme national de garderies, M. Mulcair a confirmé samedi à Vancouver qu'un gouvernement néo-démocrate rétablirait le salaire minimum pour les employés qui travaillent pour des entreprises sous la houlette d'Ottawa, comme les banques et celles du domaine des télécommunications. Le salaire minimum serait de 15$ d'ici la fin d'un premier mandat du NPD. M. Mulcair passera aussi plus de temps à l'extérieur des Communes pour courtiser les électeurs et expliquer le programme de son parti.

En tête dans les sondages nationaux depuis 16 mois, les libéraux de Justin Trudeau continueront leur campagne de charme auprès des Canadiens, à fignoler leurs promesses électorales et à recruter des candidats en prévision du rendez-vous électoral d'octobre 2015. Il n'est pas question pour le moment de divulguer certains engagements. Les libéraux s'attendent à être l'objet de toutes les attaques d'ici au déclenchement officiel des élections.

«Pour nous, ce n'est pas juste une session parlementaire qui commence, c'est le début de la campagne électorale. Il est assez clair que tout geste posé par le gouvernement, tout geste posé par l'opposition va toujours être mesuré à l'aune d'une évaluation par l'électorat pour savoir qui est mieux placé pour gouverner le pays», a affirmé le chef du NPD, Thomas Mulcair, dans une entrevue avec La Presse.

La création d'emplois, une priorité

Le leader du gouvernement en Chambre, Peter Van Loan, a indiqué dimanche que la priorité absolue des conservateurs durant la session automnale sera la création d'emplois. «Alors que l'économie mondiale reste fragile et que des tensions géopolitiques déstabilisent la croissance économique, notre gouvernement va poursuivre son bilan de création d'emplois», a dit le ministre, précisant que les accords de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne ainsi que celui entre le Canada et la Corée du Sud devraient être soumis au Parlement.

Même si des surplus pointent à l'horizon, il est hors de question de se lancer dans de grandes dépenses, a fait savoir M. Van Loan. Les surplus à venir seront utilisés en bonne partie pour réduire le fardeau fiscal des familles canadiennes.

«Alors que notre gouvernement conservateur se concentre sur l'économie, Justin Trudeau et Thomas Mulcair ont le même vieil ordre du jour de taxes, d'impôts et de dépenses élevés, qui freinera la création d'emplois et augmentera les coûts pour les familles qui travaillent fort», a-t-il dit.

Dès ce soir, les députés pourraient participer à un débat d'urgence sur le rôle que devrait jouer le Canada dans l'offensive que s'apprêtent à lancer les États-Unis contre l'EI.

Il y a deux semaines, le premier ministre Stephen Harper a confirmé, alors qu'il participait à un sommet de l'OTAN, que le Canada déploiera plusieurs dizaines de soldats en Irak afin de conseiller le gouvernement en place sur les mesures à prendre pour mieux protéger les citoyens irakiens contre les attaques des terroristes de l'EI.

Le scandale des dépenses au Sénat pourrait revenir hanter le gouvernement Harper cet automne, car le vérificateur général Michael Ferguson doit déposer son rapport examinant l'ensemble des dépenses des sénateurs. La cause du sénateur Mike Duffy, qui fait face à plusieurs accusations de fraude et d'abus de confiance, sera de retour devant les tribunaux demain.

Quatre dossiers à suivre

Année préélectorale

C'est une année préélectorale qui débute au fédéral, avec des élections à date fixe prévues pour le 19 octobre 2015. Mais tous les observateurs s'entendent pour dire que la campagne est déjà entamée. Le NPD, qui ne parvient pas à reprendre le dessus sur le Parti libéral depuis l'élection de Justin Trudeau, a même décidé de commencer à présenter des éléments de sa plateforme électorale dès maintenant.

Utilisation des surplus

Le gouvernement doit éliminer son déficit lors du prochain budget, à temps pour les prochaines élections. L'utilisation de la majorité des fonds tirés de ces surplus fait peu de doute: ils seront redistribués sous forme de baisses et de crédits d'impôt, dont plusieurs avaient été promis lors des dernières élections. Reste à voir si d'autres mesures seront annoncées.

Sénat: la suite

Les sénateurs Mike Duffy, Patrick Brazeau et compagnie ayant été suspendus de la Chambre haute, le scandale du Sénat s'est maintenant transporté devant les tribunaux. Trois des quatre sénateurs impliqués font maintenant face à des accusations criminelles. Des accusations pourraient bientôt être déposées contre la sénatrice restante, Pamela Wallin. Assistera-t-on à de nouvelles révélations?

Dossiers internationaux

Avec l'implication militaire du Canada en Irak, la crise en Ukraine et la diplomatie canadienne présente en Israël, les affaires internationales continueront à occuper une place importante en politique fédérale. La négociation et la mise en oeuvre d'accords commerciaux se poursuivront également, dont celui avec l'Union européenne, dont on pourrait présenter une version définitive à Ottawa d'ici quelques semaines.