Le premier ministre Stephen Harper ne représentera pas le Canada au sommet des Nations unies sur le climat dans deux semaines, contrairement à 125 autres chefs d'État qui ont confirmé leur présence, dont le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron.

Bien que le premier ministre Harper sera présent à New York au moment où le sommet aura lieu, il a préféré déléguer sa ministre de l'Environnement, Leona Aglukkaq, pour représenter le pays aux conférences qui se tiendront pendant toute la journée du 23 septembre au Siège de l'ONU. 

« Le premier ministre participera au souper avec le secrétaire général pour discuter de questions climatiques », a cependant précisé son bureau dans un communiqué.

Le Canada se range donc du côté de la Chine et de l'Inde, dont les leaders Xi Jinping et Narendra Modi ont récemment annoncé qu'ils délègueraient eux aussi un représentant plutôt que de prendre part à l'évènement.

Le bureau du premier ministre Harper a indiqué qu'il avait d'autres engagements cette journée-là, relatifs à son plan sur la santé maternelle entre autres.

Il doit d'ailleurs participer à l'activité Chaque femme, chaque enfant à New York deux jours plus tard.

Il s'adressera également à l'Assemblée générale des Nations unies cette semaine-là pour la troisième fois depuis son arrivée au pouvoir en 2006. Son dernier discours remonte à 2010.

Le premier ministre a fait part de ses intentions au Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, par téléphone ce matin.

M. Ban a convoqué les dirigeants mondiaux à cette rencontre l'an dernier en vue de préparer le sommet de Paris de 2015, où on doit s'entendre sur un nouvel accord sur le climat qui sera mis en oeuvre après 2020. Il espère renforcer la volonté politique en vue d'atteindre des cibles plus contraignantes pour la réduction des gaz à effets de serre.

La décision de M. Harper a été dénoncée de toute part. « Cent vingt-cinq leaders mondiaux seront dans une même pièce et notre premier ministre n'y sera pas. Il pourrait libérer son agenda », a lancé la députée du NPD Megan Leslie, porte-parole de l'Opposition officielle en matière d'environnement.

« Ban Ki-Moon en a appelé au sens des responsabilités de tous les leaders du monde. Le fait que M. Harper n'y aille pas montre que le Canada n'entend pas répondre à cet appel pressant du secrétaire général », a renchéri le député libéral Stéphane Dion.

« C'est extrêmement choquant. »

Comme Mme Leslie, M. Dion a expliqué l'absence du premier ministre par le fait qu'« il a honte de son bilan et il ne compte faire aucun effort pour l'améliorer. Et il ne veut pas dire cela à ses homologues du reste du monde».

« C'est une preuve de plus que M. Harper n'a pas l'intention de lutter contre les changements climatiques, malgré l'urgence d'agir et le consensus scientifique désormais irréfutable », a dénoncé Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.

Il estime que par ce geste, le gouvernement canadien se marginalisera encore davantage sur la question climatique par rapport au reste de la communauté internationale.

« Les conservateurs préfèrent s'occuper des profits de pétrolières et ouvrir des Tim Horton's plutôt que de gérer la crise climatique », a lancé M. Bonin.

Contrairement à son homologue fédéral, le premier ministre du Québec Philippe Couillard a annoncé officiellement hier qu'il participera à la Climate Week qui se déroulera à New York les 22 et 23 septembre, en marge du sommet des Nations unies. La conférence organisée par le Climate Group réunit annuellement des leaders de gouvernements, d'entreprises et de la société civile afin de discuter d'enjeux relatifs aux changements climatiques et à l'économie verte.  M. Couillard sera accompagné de son ministre de l'Environnement, David Heurtel.