Parce que le scandale du sénateur Mike Duffy a été une mine d'or pour attaquer le gouvernement Harper, le NPD n'a pas l'intention de lâcher le morceau: il a demandé mardi au directeur des poursuites pénales du Canada de revoir la preuve pour vérifier si des accusations devraient être déposées contre des membres de l'entourage du premier ministre.

Une démarche qui pourrait toutefois s'avérer vaine, puisque le directeur des poursuites pénales (DPP) a immédiatement fait savoir que le dépôt d'accusations ne relevait pas de lui.

Depuis des mois, le Nouveau Parti démocratique (NPD) s'est servi sans relâche du scandale des dépenses au Sénat pour affaiblir les conservateurs. Et avec la rentrée parlementaire qui s'approche, il semble avoir l'intention de continuer à exploiter le filon.

En point de presse, mardi, les néo-démocrates ont demandé au directeur des poursuites pénales, un organisme indépendant, de se pencher sur cette affaire, et qu'il analyse la preuve ramassée par la GRC. Ils sont outrés de savoir que celui-ci n'a même pas été consulté dans le cadre de l'enquête.

Celui qui était alors le chef de cabinet de M. Harper, Nigel Wright, a fait un chèque de 90 000 $ au sénateur Mike Duffy pour l'aider à repayer ses allocations de logement et de voyage qu'il avait indûment réclamées.

Mike Duffy fait face à 31 chefs d'accusation, dont certaines pour fraude. Il est accusé d'avoir dépensé frauduleusement plus de 200 000 $. Mais la GRC a fait savoir qu'aucune accusation ne serait déposée contre M. Wright.

En point de presse mardi, les néo-démocrates ont fait valoir que les Canadiens se posent encore beaucoup de questions.

«Pourquoi la personne qui reçoit l'argent est accusée, mais pas celle qui le donne?», ont-ils demandé aux députés néo-démocrates au cours de l'été.

«Il est illégal d'offrir de l'argent à un sénateur pour tenter d'influencer ses actes ou ses propos. Ce que Nigel Wright a fait semble illégal», a expliqué la porte-parole néo-démocrate en matière de Justice, la députée Françoise Boivin.

Elle aimerait que le DPP évalue le tout, histoire de voir si des accusations devraient être portées en vertu de la Loi sur le Parlement - des infractions pénales différentes de celles du Code criminel - contre Nigel Wright et d'autres personnes au bureau du premier ministre.

De son côté, Nigel Wright insiste depuis le début qu'il n'a rien fait de mal ou d'illégal: sa motivation était que les contribuables n'aient pas à faire les frais des réclamations indues de Mike Duffy.

Selon Mme Boivin, une telle revue de la preuve entreprise par le DPP aiderait à rebâtir la confiance des Canadiens envers le système.

«Et on a besoin de quelqu'un d'indépendant», a-t-elle ajouté.

Le directeur des poursuites pénales a cependant indiqué que le dépôt d'accusations ne relève pas de lui et que la GRC n'a pas à le consulter, bien qu'elle le fasse parfois.

«Nous ne sommes pas un organisme d'enquête, notre rôle n'est pas de poursuivre», a indiqué un porte-parole du DPP, Daniel Brien.

Mme Boivin se défend de faire de l'acharnement, après que la GRC eut décidé de clore son enquête.

Le procès de Mike Duffy pour fraude s'ouvre le 16 septembre à Ottawa.