La visite d'une mosquée controversée de la circonscription de Papineau, à Montréal, n'aurait peut-être pas figuré à l'agenda de Justin Trudeau si son ex-collaboratrice avait su ce qu'elle sait maintenant concernant la réputation de l'endroit.

La principale intéressée, Ingrid Ravary-Konopka, a expliqué vendredi dans une lettre ouverte que le chef libéral s'était rendu à la mosquée Al-Sunnah Al-Nabawiah en mars 2011, un mois avant la publication de documents confidentiels voulant que le lieu de culte ait servi de repaire à des membres d'Al-Qaïda dans les années 1990.

Avec le recul, Mme Ravary-Konopka a dit ignorer si elle aurait inscrit cette visite au calendrier de M. Trudeau «si (elle) avait su ce que nous savons maintenant».

Mais chose certaine, Justin Trudeau a raison de faire la tournée des églises, mosquées et temples de sa circonscription à titre de député, car les lieux de culte sont souvent «le coeur des communautés ethniques», a insisté son ex-assistante dans cette missive publiée vendredi sur le site Internet du National Post.

Le député de Papineau n'a cependant jamais remis les pieds à la mosquée Al-Sunnah Al-Nabawiah, a-t-elle néanmoins tenu à signaler.

En entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, Mme Ravary-Konopka a précisé qu'elle avait rédigé cette lettre ouverte à titre «personnel» à la demande du National Post. Le bureau de Justin Trudeau était au courant de sa démarche, mais n'a pas pris connaissance de la missive avant sa publication, a-t-elle assuré.

Les informations selon lesquelles la mosquée de la métropole était un point de rencontre de terroristes émanaient d'un document de WikiLeaks. Le directeur du Conseil musulman de Montréal, Salam Elmenyawi, les avait qualifiées de discriminatoires.

Ingrid Ravary-Konopka a travaillé pour Justin Trudeau dans sa circonscription entre 2008 et 2013. Elle est maintenant à l'emploi d'une firme de relations publiques de Toronto, le Broadview Strategy Group.

Il a été impossible de discuter de cette affaire - qui a fait les choux gras du réseau Sun News - avec Justin Trudeau, vendredi.

Le chef libéral, qui ne s'est pas encore exprimé publiquement à ce sujet, se trouvait en Saskatchewan et «son agenda est planifié à la minute près», a plaidé Mylène Dupéré, sa directrice des communications.

Elle a tout de même fait valoir que «si le rapport d'avril 2011 était une menace réelle, le gouvernement de M. Harper aurait dû agir» au lieu de «monter une histoire de toutes pièces dans le but de compter des points politiques, de diviser les Canadiens et de semer la peur».