Un professeur d'université du Nouveau-Brunswick réclame que davantage d'attention soit consacrée à la nécessité d'abattre les obstacles auxquels doivent faire face les handicapés en politique, après avoir découvert qu'un «très faible» nombre d'entre eux se lançaient dans la vie publique.

Mario Lévesque, un professeur de sciences politiques à l'Université Mount Allison de Sackville, affirme que ses travaux, qui concernaient les gens souffrant de handicaps physiques, mentaux et intellectuels, n'en sont qu'à leurs débuts, mais il dit espérer déclencher une conversation nationale sur cette question.

Selon lui, les gens «doivent se voir eux-mêmes» dans les représentants politiques élus. Dans le cas contraire, ils n'estiment pas que «les institutions politiques sont légitimes».

Son étude a été déclenchée par une demande de la Commission des personnes handicapées de la Nouvelle-Écosse, qui jonglait avec l'idée d'ouvrir une école pour les handicapés cherchant à entrer en politique.

M. Lévesque dit avoir trouvé bien peu de recherches dans ce domaine, et a décidé de combler ce manque. Il a procédé à une évaluation des constitutions des partis et a fait circuler un sondage auprès des présidents et, parfois, des chefs de 42 partis provinciaux de partout au pays, leur demandant d'indiquer combien de leurs membres et candidats souffraient d'un handicap. Quelque 24 % d'entre eux ont répondu, souligne-t-il.

Sur un total de 2084 candidats au cours des trois dernières élections dans chaque province, 20 d'entre eux souffraient d'un handicap, selon les réponses au sondage, soit près de 0,01% , dit-il. «Cela est extrêmement faible, si vous considérez que 15 à 21 % de la population est handicapée, en fonction de la définition du terme, dit-il. Il s'agit d'une disparité très importante.»

Le chercheur reconnaît qu'il est possible qu'il y ait des politiciens et des candidats souffrant d'un handicap invisible et qu'ils n'ont pas dévoilé, ou dont le président ou le chef du parti n'est pas au courant.

Malgré tout, il affirme que son objectif est de comprendre pourquoi les gens souffrant d'un handicap ne sont pas intégrés dans la vie publique, et ainsi aider à abattre les obstacles.

Selon Kent Hehr, un paraplégique qui est député à l'Assemblée législative de l'Alberta, les problèmes sociétaux systémiques désintéressent les handicapés voulant se lancer en politique. «Être handicapé dans notre société signifie que vous serez sous-employé, aurez accès à moins d'argent, moins d'éducation, et serez moins en mesure de participer à la société.»