Un document électronique publié sur le site web du Conseil du Trésor à Ottawa demeure bourré de fautes, malgré une lettre envoyée par le député libéral Stéphane Dion pour prévenir le président de l'organisme l'automne dernier.

Le volumineux document en question énumère les conditions de rémunération de plus de 10 000 employés fédéraux. Ironiquement, la lettre envoyée par M. Dion au président Tony Clement visait précisément la section touchant les traducteurs du gouvernement.

Les erreurs relevées par le député montréalais incluaient le sous-titre «Note du paie», qui a depuis été remplacé par «Note sur la rémunération». Le Conseil du Trésor a aussi corrigé la formulation suivante, qui revenait trois fois: «Selon l'échelle de rémunération au ligne "A" dessus [sic]». On l'a remplacée par «Selon l'échelle de rémunération "A"».

Mais on trouve encore de nombreuses erreurs dans le document, qui émane du Bureau du dirigeant principal des ressources humaines et qui vise une quarantaine de groupes de travailleurs, dont le «groupe de l'enseignement», le «groupe de la bibliothéconomie» et le «groupe de l'enseignement universitaire».

Par exemple, la formulation «au ligne "A" dessus [sic]» est répétée à plusieurs reprises dans les sections qui touchent ces autres groupes d'employés, bien qu'elle ait été corrigée pour le groupe de la traduction.

De même, le Groupe des programmes en leadership est devenu le «Group [sic] des programmes en leadership». À la section du Groupe de la radiotélégraphie, on trouve la mention «Taux annuels de rémunération annuels [sic]». Et dans le groupe de l'Enseignement universitaire, on peut lire: «À compter du 1er juillet 2010, exception fait [sic] d'un UT qui répond aux conditions énoncées dans la section B.»

Stéphane Dion s'est dit insulté de voir que malgré ses démarches, seulement une mince portion du document a été corrigée. Le député, qui a lui-même été ministre responsable du dossier des langues officielles au sein du gouvernement Chrétien, a indiqué qu'il envisage maintenant de porter plainte au Commissariat aux langues officielles et de réécrire au président du Conseil du Trésor pour lui faire part de son indignation.

«Ça me fâche! Le ministre n'exerce aucun leadership. Visiblement, il laisse son ministère travailler à l'économie quand il s'agit de faire respecter la langue française», a-t-il lancé.

«Préférences de style mineures»

Au Secrétariat du Conseil du Trésor, qui agit comme département des ressources humaines pour les fonctionnaires fédéraux, une porte-parole a affirmé que le Ministère avait agi rapidement pour corriger les erreurs relevées par M. Dion. Elle a qualifié les erreurs restantes de «préférences de style mineures».

«Notre site web comptant près de 50 000 pages web, il est possible que des erreurs ou des incohérences linguistiques se produisent parfois», a justifié cette porte-parole, Kelly James.

«La page a été examinée de nouveau, et des modifications seront apportées pour corriger quelques préférences de style mineures», a ajouté Mme James.

Le vice-président régional de l'Alliance canadienne de la fonction publique, qui représente nombre des employés visés par ce document, a une tout autre lecture de la situation. Selon Larry Rousseau, il s'agit d'une manifestation claire des compressions imposées par le gouvernement Harper dans la fonction publique, compressions qui n'ont pas épargné le Bureau de la traduction.

«Les employés et le public ont droit d'avoir une information qui est claire, nette et précise, qui ne porte pas à confusion. Les deux langues, indépendamment, ont force de loi et font foi, et puis si ce n'est pas le cas, il faut absolument que ce soit corrigé», a déclaré M. Rousseau.

L'Association canadienne des employés professionnels, le syndicat qui représente la majorité des traducteurs du gouvernement, n'avait pas répondu à nos questions au moment de mettre en ligne.

- Avec William Leclerc

Extrait de la lettre de Stéphane Dion à Tony Clement

«Vous conviendrez qu'il est plutôt choquant que de telles erreurs de français paraissent dans un texte officiel du gouvernement du Canada et qu'il est particulièrement ironique qu'on les trouve dans un texte relatif aux services de traduction. D'aucuns pourraient y voir un signe de négligence envers le fait français.

Vous vous êtes engagé à ce que les coupes budgétaires opérées dans les différents ministères et au Bureau de la traduction n'affectent pas à la baisse la manière dont le gouvernement du Canada communique avec ses citoyens dans les deux langues officielles.»