Les Canadiens semblent avoir de moins en moins d'intérêt pour un prix controversé lié au bureau du premier ministre.

Le gouvernement Harper a lancé en 2011 les Prix du premier ministre pour le bénévolat, qui honorent chaque année 17 Canadiens à travers le pays pour leur travail bénévole.

Des critiques du programme ainsi que des groupes de consultation ont affirmé que les prix avaient une connotation politique en raison de leur association avec un premier ministre en fonction plutôt qu'avec une personne neutre, comme le gouverneur général.

Malgré tout, 751 candidatures ont été reçues la première année pour les prix d'une valeur allant de 5000 $ à 10 000 $, des montants que les gagnants doivent remettre à un organisme sans but lucratif de leur choix.

Ce nombre est passé à 482 candidatures la deuxième année, malgré une campagne visant à faire connaître le programme et après que la date limite des mises en candidature eut été repoussée de six semaines.

Cette année, 315 candidatures - même pas la moitié du nombre reçu la première année - ont été acheminées avant la date limite prolongée du 23 juin. Certaines de ces candidatures pourraient encore être rejetées par le groupe chargé du programme, qui vérifie chacune d'entre elles pour s'assurer qu'elles sont admissibles.

Les détails du processus de nomination ont été obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Interrogée au sujet de la baisse d'intérêt envers les prix, la porte-parole de Candice Bergen, ministre d'État au Développement social (qui administre le programme), a seulement souligné que le ministère avait tenté de mousser leur popularité.

Avant de lancer les prix, le gouvernement avait déboursé 64 000 $ pour une étude auprès d'un groupe témoin menée par la firme Harris-Decima, qui avait sondé des membres du public tout comme des représentants de groupes de bénévoles.

Les prix seront «perçus comme étant politiques» s'ils sont associés au premier ministre, peut-on lire dans le rapport remis en 2010, qui cite une majorité de participants.

Ces nouveaux prix s'ajoutent à un autre prix fédéral récompensant des bénévoles, le Prix du Gouverneur général pour l'entraide, remis annuellement à des groupes et individus depuis 1995.

Une controverse politique a entouré la remise des Prix du premier ministre, l'an dernier, lorsqu'il a été révélé que des députés de l'opposition n'avaient pas été invités à une cérémonie sur la colline parlementaire en décembre 2012.

Cinq députés du NPD et deux du Parti libéral faisaient à l'origine partie de la liste d'invités parce que des électeurs de leur circonscription recevaient des prix, mais leur nom avait été rayé de la liste avant la cérémonie, selon des documents reçus en vertu de la Loi d'accès à l'information.

«Le premier ministre a pris ce qui devrait vraiment être une cérémonie non partisane, quelque chose que tous les Canadiens pourraient appuyer, et l'a transformée en un événement pour conservateurs seulement», avait alors déploré Andrew Cash, l'un des députés néo-démocrates désinvités.

Cette année, la période de mises en candidature devait avoir lieu pendant 10 semaines, du 27 février au 9 mai. Le ministre de l'Emploi, Jason Kenney, a prolongé la période de six semaines, jusqu'au 23 juin, après qu'il eut appris que seulement 134 candidatures avaient été reçues, malgré une campagne incluant un envoi massif de courriels à 50 000 organismes sans but lucratif.