Pas question pour Stephen Harper de réprimander son ministre de la Justice pour ses propos sexistes - du moins pas publiquement. Le premier ministre a préféré mercredi défendre le bilan de son gouvernement envers l'égalité des sexes.

La Presse Canadienne a révélé mardi que le ministre Peter MacKay avait envoyé des courriels diamétralement opposés à ses employés pour souligner la fête des mères et celle des pères.

Aux mères, il louait leur habileté à jongler avec de nombreuses tâches à la fois, comme changer les couches et faire les repas des enfants. Aux pères, il insistait sur leur rôle d'influence sur leur progéniture, afin de former les leaders de demain.

«Avant le moment où vous arrivez au bureau, vous avez déjà changé des couches, fait les lunchs, couru après l'autobus scolaire, déposé les enfants à la garderie, pris soin d'un proche vieillissant et peut-être même pensé au souper», dit M. MacKay dans son courriel pour les mères.

Pour les pères, par contre, «nul besoin de dire que cela peut être colossal de considérer l'immense influence que nous aurons sur nos enfants tout au long de leur vie. Nos paroles, nos actions et notre exemple façonnent grandement qui ils deviendront.»

Et ce n'était pas là la seule bévue du ministre MacKay qui s'est récemment attiré des critiques pour ses attitudes considérées comme rétrogrades envers les femmes.

Interrogé plus tôt en juin lors d'une conférence sur le peu de diversité au sein de la magistrature, M. MacKay avait rétorqué que les femmes n'appliquaient pas en assez grand nombre pour devenir juges, comme elles sont occupées à développer des liens étroits avec leurs enfants - un lien plus fort avec les mères qu'avec les pères lors de la petite enfance, avait-il dit - et étaient peut-être rebutées par l'aspect «club privé d'hommes» des tribunaux.

Dimanche soir, M. MacKay s'était expliqué sur Facebook, alléguant que les propos que lui attribuait le quotidien Toronto Star étaient faux.

«Lorsque je me suis adressé à une douzaine de juristes, j'ai plutôt saisi l'occasion d'encourager un PLUS grand nombre de femmes et de membres des minorités visibles à poser leur candidature aux postes de juge pour ainsi permettre au gouvernement fédéral de les nommer à la magistrature et de mieux tenir compte de la diversité du Canada d'aujourd'hui», écrivait-il alors.

Mercredi, alors qu'il se trouvait à Roberval pour une annonce en infrastructure, Stephen Harper n'a pu éviter les questions sur les propos de son ministre.

Mais il n'a pas répondu directement. L'interprétation selon laquelle les propos du ministre sont sexistes «n'est pas juste», a-t-il dit.

«L'objectif clair de mon gouvernement depuis notre arrivée en fonction est d'augmenter la participation des femmes dans les positions de leadership», dans les secteurs public et privé.

«Je pense que nous avons un bilan inégalé, a ajouté M. Harper. Il y a beaucoup plus à faire, mais nous sommes dans la bonne direction.»

Il assure que sous son égide, la proportion de femmes dans des postes de direction dans la fonction publique a approché les 40% et que la proportion de femmes juges a augmenté de 25%.

Par contre, le premier ministre a été critiqué lors de ses trois dernières nominations à la Cour suprême du Canada pour avoir choisi des hommes et ainsi failli à réduire l'écart hommes-femmes sur le banc.

Questionné à savoir si la situation commençait à être embarrassante pour son gouvernement et s'il avait l'intention de sévir à l'endroit de M. MacKay, il a rétorqué qu'il venait de répondre, sans ajouter un mot de plus.

Sa courte non-réponse a été applaudie, une technique habituelle lors des rassemblements conservateurs pour couvrir l'embarra, et souvent la voix du journaliste qui proteste contre la réponse.