Une question planera dans les esprits de certains lorsque le premier ministre du Canada donnera le coup d'envoi à sa conférence internationale sur la santé maternelle et infantile dans les pays en voie de développement: l'enjeu est-il vraiment cher aux yeux de Stephen Harper, ou s'agit-il simplement d'une autre manoeuvre politique?

La réponse à cette question varie considérablement en fonction de la personne à qui elle est posée.

D'un côté, il y a des travailleurs humanitaires, des diplomates et des fonctionnaires qui constatent le déclin de l'aide internationale que verse Ottawa et la dissolution de l'Agence canadienne de développement international comme autant de signaux de l'hypocrisie qui caractérise la politique extérieure de Stephen Harper.

De l'autre, il y a ceux qui remercient sincèrement le premier ministre d'attirer l'attention de la planète sur l'importance de réduire d'année en année le nombre de décès évitables de femmes enceintes, de nouveau-nés et de jeunes enfants dans les pays pauvres.

Le premier ministre, qui sera l'hôte d'un sommet intitulé Sauver chaque femme, chaque enfant: un objectif à notre portée, peut compter sur le soutien de personnalités renommées.

La philanthrope Melinda Gates, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, l'Aga Khan et la reine Rania de Jordanie convergeront vers Toronto, mercredi, pour prendre part à la soirée d'ouverture de ce sommet d'une durée de trois jours.

Nombreux seront ceux qui, dans cette salle, croient à la sincérité de la démarche du premier ministre conservateur.

Parmi eux figurent Joel Spicer, président du groupe d'aide Initiative pour les micronutriments, qui a rencontré M. Harper en privé le mois dernier après que ce dernier eut annoncé qu'il avait l'intention de ramener à l'avant-scène l'enjeu de la santé maternelle et infantile grâce à la tenue du sommet torontois.

En 2010, dans le cadre de sa présidence du G8, le Canada a lancé un effort mondial d'une valeur de 2,85 milliards $ - l'Initiative de Muskoka - pour mobiliser les efforts internationaux afin de réduire la mortalité maternelle et d'améliorer la santé des mères et des enfants dans les pays les plus pauvres du monde.

«Ce qui m'a vraiment frappé, parce que c'était ce que je recherchais, c'est qu'il est vraiment sincère; il s'implique personnellement dans le dossier», a affirmé mardi M. Spicer.

Mais d'autres, comme le groupe McLeod, ne prêtent pas du tout les mêmes vertus à Stephen Harper.

Le regroupement d'universitaires, d'anciens diplomates et d'autres employés gouvernementaux reproche notamment à Ottawa son refus de financer les projets liés à l'avortement dans les pays en développement. Le gouvernement Harper agit ainsi pour éviter de s'aliéner sa base conservatrice, à leur avis.

«Encore une fois, les politiques du Canada en matière de coopération et de développement sont motivées par des enjeux de politique nationale, pas sur les effets qu'elles pourraient avoir et que le gouvernement prétend rechercher», a indiqué mardi le groupe dans un billet de blogue publié sur son site Internet.