Le gouvernement conservateur refuse de divulguer les coûts liés à la production de vidéos hebdomadaires d'une durée d'environ trois minutes relatant la semaine de travail du premier ministre Stephen Harper.

Depuis le début de l'année, tous les jeudis, le bureau du premier ministre met en ligne une courte vidéo intitulée 24/sept. On y voit le premier ministre et parfois sa femme, Laureen Harper, sous leur meilleur jour. Une musique militaire joue en ouverture de la vidéo, qui contient à l'occasion des extraits de déclarations de M. Harper.

Mais les dossiers embarrassants comme le scandale des dépenses au Sénat, les manifestations de certains groupes durant les discours du premier ministre ou encore la récente sortie de M. Harper contre la juge en chef Beverley McLachlin sont passés sous silence.

Jusqu'à quatre personnes sont appelées à travailler à ces vidéos, selon des informations fournies par le Bureau du Conseil privé. Impossible, toutefois, de savoir combien coûte cette initiative.

Les films ne connaissent toutefois pas un succès viral. Si un peu plus de 11 000 personnes ont regardé le premier, en janvier, ils n'étaient plus que 153 irréductibles deux mois plus tard à regarder la version en anglais et.... 41 en français. Depuis, les cotes d'écoute varient de 200 à 1000 par semaine.

Les proches collaborateurs du premier ministre estiment qu'il s'agit d'un moyen louable de communiquer directement avec les Canadiens sans le filtre des médias.

«Propagande»

Les partis de l'opposition et certains médias, notamment le Huffington Post, affirment au contraire que cette initiative s'inspire davantage des stratégies de propagande du régime nord-coréen de Kim Jong-Un que d'une volonté du gouvernement Harper d'être transparent. Le NPD soutient en outre que ces vidéos n'ont rien d'informatif et que les coûts de leur production devraient être payés par le Parti conservateur et non avec l'argent des contribuables.

«Les contribuables ne devraient pas payer pour cela, surtout quand on voit qu'à peine 200 personnes regardent ces vidéos, qui sont de mauvaise qualité. Nous sommes en période de restriction budgétaire et on coupe dans les services aux citoyens. Il est difficile de justifier une telle dépense», a affirmé la députée néo-démocrate de Terrebonne-Blainville, Charmaine Borg.

Au bureau du premier ministre, un collaborateur de M. Harper, Carl Vallée, a affirmé que cela n'entraîne aucune dépense supplémentaire.

«Il n'y a aucun coût additionnel, nous utilisons les ressources disponibles. C'est assez ironique de voir le NPD se soucier de l'argent des contribuables alors qu'il l'a dépensé impunément pour payer ses bureaux politiques satellites à travers le pays. Quand vont-ils rembourser les contribuables?», a-t-il demandé.

Budget de fonctionnement

Le NPD souligne toutefois que le budget de fonctionnement du bureau du premier ministre n'a cessé d'augmenter depuis 2011 (de 7,6 millions en 2011-2012 à 8,2 millions en 2012-2013), alors que les crédits alloués au bureau de Thomas Muclair passeront de 4 millions en 2011-2012 à 3,67 millions en 2014-2015, une baisse de 10%. Les budgets du bureau de M. Harper pour 2013-2014 et 2014-2015 n'ont pas encore été publiés.

«Le problème n'est pas que le budget de l'opposition soit réduit - nous pouvons faire notre part. Mais lorsque, au même moment, le budget du bureau du premier ministre va dans le sens inverse et que l'écart se creuse, cela devient une décision politique: les conservateurs veulent museler l'opposition néo-démocrate, jugée trop dérangeante, et ils augmentent leurs propres budgets de propagande», soutient-on dans les rangs néo-démocrates.

- Avec la collaboration de William Leclerc