Quelques centaines de résidants de la communauté mohawk de Kahnawake, en Montérégie, ont manifesté mercredi matin contre le projet de loi fédéral C-33 sur le contrôle du système d'éducation des Premières Nations. 

La circulation a été perturbée sur la route 138, qui relie notamment la ville de Châteauguay au pont Mercier, vers l'île de Montréal. 

« Je suis ici parce que je suis une mère, et que c'est important pour mes enfants », a lancé Kiona Dear, 16 ans, accompagnée par son conjoint, qui marchait derrière une poussette. « J'ai bénéficié d'une éducation donnée par les Premières Nations. Je connais ma langue, ma culture », a-t-elle déclaré. 

Son commentaire faisait écho aux principales revendications de la communauté mohawk, pour qui le projet de loi évoque le douloureux souvenir des pensionnats, obligatoires pour les autochtones de 1920 à 1996, dans certains cas.

« Les pensionnats servaient à tuer l'Indien dans l'enfant, à nous dépouiller de notre culture, de notre identité », a rappelé le grand chef de Kahnawake, Mike Delisle. « On dirait qu'il [le gouvernement fédéral] recommence. C'est la raison principale pour laquelle nous manifestons. »

Le projet de loi C-33, déposé par le gouvernement Harper le 10 avril, suscite des réactions mitigées, si bien que le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Shawn Atleo, a démissionné de son poste le 3 mai. L'étau s'était refermé sur le chef, qui appuyait une pièce législative largement dénoncée par les communautés autochtones du pays. 

Le projet C-33 établit un système semblable à celui des commissions scolaires, qui assureraient un curriculum permettant aux élèves autochtones de passer aux écoles hors réserve. Le contenu des cours devrait ainsi s'ajuster au contenu imposé par le ministère de l'Éducation de la province où se situe l'école.

Le projet de loi prévoit aussi un système de surveillance par un comité qui aurait à juger de la performance des écoles. Or ce droit de regard est un des points dénoncés par les communautés autochtones, qui disent plutôt avoir besoin de ressources financières. 

« Notre éducation n'est pas à vendre », a toutefois précisé le chef Delisle. « Nous voulons être en mesure de retenir les enseignants dans la communauté. » Actuellement, les enseignants quittent Kahnawake parce qu'ils « ne sont pas bien payés » ou qu'ils doivent « enseigner le français », a observé le grand chef. 

Une grande manifestation est prévue à Ottawa à 13 h. Des membres de diverses communautés autochtones du Canada doivent y participer. Ils protesteront contre le projet de loi C-33 et exigeront une fois de plus la tenue d'une enquête nationale sur la disparition et les meurtres de quelque 1200 femmes autochtones au cours des 30 dernières années.  

- Avec La Presse canadienne