Le ministre fédéral des finances, Joe Oliver, affirme qu'il ne s'est pas ingéré dans la campagne électorale ontarienne lorsqu'il a critiqué la pièce maîtresse de la plateforme économique de la chef libérale provinciale, Kathleen Wynne.

Le gouvernement conservateur s'est retrouvé au coeur de la campagne électorale naissante en Ontario lorsque Stephen Harper a écorché le plan de Mme Wynne concernant son projet de régime provincial obligatoire de pensions.

Lundi, M. Oliver a fait écho aux propos du premier ministre canadien en soutenant que l'économie ontarienne était trop fragile pour pouvoir supporter ce qu'il a décrit comme une «nouvelle taxe» pour les électeurs de la province.

Le ministre fédéral des finances estime à 3,5 milliards $ le coût de cette mesure pour les travailleurs et entreprises ontariennes. Il a affirmé que des emplois pourraient être perdus.

La semaine dernière, alors que Kathleen Wynne lançait sa campagne électorale, le premier ministre Harper affirmait que les électeurs refuseront de payer cette «taxe».

Mme Wynne a répliqué en affirmant que les Ontariens diffèrent d'opinion sur bon nombre de dossiers avec M. Harper. Elle a soutenu que les citoyens de la province espèrent avoir des plans de pensions bonifiés et ainsi avoir une meilleure sécurité financière à la retraite.

Elle a accusé le gouvernement conservateur fédéral de balancer son budget sur le dos des Ontariens, notamment en coupant les paiements de transferts dans les sphères sociales et de la santé.

Le professeur de sciences politiques de l'Université de Waterloo, Peter Woolstencroft, affirme qu'il n'est pas rare de voir des leaders provinciaux s'en prendre à Ottawa. Il s'agit d'une tactique pour tenter de montrer qu'ils se font les défenseurs des citoyens, a-t-il dit en entrevue à La Presse Canadienne.

Selon lui, ce qui est particulier dans ce cas précis, c'est que le gouvernement fédéral réplique aux attaques. Il cite en exemple les récentes élections québécoises, où le gouvernement Harper avait promis qu'il ne s'immiscerait pas dans la campagne provinciale.

Un porte-parole du Bureau du premier ministre a tenté de réduire les tensions en affirmant que le dernier mot reviendrait aux électeurs ontariens et que le gouvernement Harper allait travailler avec le parti qui prendra le pouvoir en Ontario.

Kathleen Wynne a déclenché des élections en vue d'un scrutin le 12 juin, vendredi, après que le Nouveau Parti démocratique provincial eut annoncé qu'il n'appuierait plus le gouvernement libéral minoritaire de Mme Wynne, qu'il décrit comme rongé par les scandales.