Le premier ministre Stephen Harper a formellement interdit à ses troupes de s'immiscer dans la dernière campagne électorale au Québec de crainte de donner des munitions au Parti québécois.

Mais ce principe ne s'applique qu'au Québec. M. Harper a récemment donné le feu vert à ses députés pour qu'ils interviennent dans la campagne électorale en Ontario qui pourrait être déclenchée au cours des prochaines semaines, a appris La Presse.

L'objectif est évidemment de donner un coup de pouce au Parti progressiste-conservateur de Tim Hudak, qui est engagé dans une lutte à trois avec les libéraux provinciaux de Kathleen Wynne et les néo-démocrates d'Andrea Horwath.

En Ontario, les libéraux sont au pouvoir depuis 11 ans maintenant. Élue à la tête du Parti libéral l'an dernier à la suite de la démission de Dalton McGuinty, Kathleen Wynne dirige un gouvernement minoritaire qui pourrait être défait à l'Assemblée législative à l'occasion du vote sur le budget en mai.

Selon nos informations, des députés de l'Ontario ont explicitement demandé au premier ministre à l'occasion de la réunion du caucus conservateur la semaine dernière si son ordre de ne pas intervenir dans la campagne électorale au Québec s'étendait aussi aux élections qui doivent avoir lieu en Ontario.

M. Harper, après avoir félicité ses troupes d'avoir respecté sa directive pour ce qui est de la campagne au Québec, a assuré que tel n'est pas le cas. Il a fait valoir que la situation politique en Ontario est tout à fait différente en ce qu'aucun parti politique ne prône la séparation de la province du reste du pays.

«Les députés ont obtenu le feu vert du premier ministre de faire campagne en Ontario», a indiqué une source digne de foi qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat.

Il est toutefois peu probable que M. Harper lui-même se mêle de la campagne ontarienne, car le premier ministre du pays s'impose normalement un devoir de réserve.

Campagne importante 

Autre raison de participer à la prochaine campagne en Ontario, les néo-démocrates de Thomas Mulcair et les libéraux de Justin Trudeau ont la ferme intention d'aider leurs cousins provinciaux respectifs. Donc, selon les stratèges conservateurs, il serait loufoque de rester les bras croisés alors que les adversaires des conservateurs de Stephen Harper sautent à pieds joints dans la campagne ontarienne.

Justin Trudeau a d'ailleurs déjà signalé qu'il n'hésiterait pas à donner un coup de main à Kathleen Wynne. M. Trudeau a fait campagne durant les élections partielles qui ont eu lieu en Ontario en compagnie de la première ministre.

Quant au NPD, les stratèges du parti croient que la campagne imminente en Ontario servira de répétition générale pour les militants néo-démocrates en prévision du prochain scrutin fédéral prévu en octobre 2015.

La campagne à venir en Ontario s'annonce aussi rude que celle qui a eu lieu au Québec. Mme Wynne a envoyé une mise en demeure à Tim Hudak après que ce dernier eut affirmé qu'elle aurait joué un rôle dans la destruction de documents concernant l'annulation de deux projets de centrales au gaz dans la province. Cette affaire fait actuellement l'objet d'une enquête policière et risque d'être un enjeu important durant la campagne.

Photo Frank Gunn, archives PC

La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, a déjà exclu la possibilité de hausser les impôts de la classe moyenne pour payer les transports en commun et les infrastructures.