Pendant que la souveraineté s'imposait comme thème central de l'élection québécoise, cette semaine, le père de la Loi sur la clarté référendaire, Stéphane Dion, se trouvait en Espagne pour vanter le fédéralisme et mettre en garde contre le «traumatisme social» que causerait un référendum sur l'indépendance de la Catalogne.

Le président catalan, Arthur Mas, a annoncé en décembre la tenue d'un référendum le 9 novembre 2014 sur la création d'un État indépendant. Madrid s'oppose farouchement au projet, jugeant la consultation anticonstitutionnelle.

Dans un discours - dont La Presse a pu prendre connaissance - prononcé à l'Université de Barcelone et au Palais des congrès de Madrid, l'ancien ministre des Affaires intergouvernementales et chef du PLC a invité le gouvernement espagnol à résister à la tentation de céder davantage de pouvoirs à la Catalogne pour contrer le mouvement indépendantiste.

Il soutient qu'un gouvernement fédéral doit éviter de «rompre l'équilibre et l'équité entre les régions», sans quoi il risque d'attiser les tensions et ternir l'image du pays aux yeux de ses propres citoyens.

Le cas québécois

Citant le cas québécois, il a indiqué que la rupture du Canada pourrait avoir des répercussions sur «l'ensemble de l'humanité». La dislocation d'une fédération démocratique, dit-il, risque d'encourager d'autres pays à réprimer les aspirations nationales de ses minorités.

«Il est facile de deviner ce que serait la réaction dans le monde si une fédération démocratique et décentralisée comme le Canada devait se briser, a-t-il déclaré. De la défunte fédération, il serait dit qu'elle est morte d'une surdose de décentralisation, de tolérance, de démocratie en somme. «Ne soyez pas aussi tolérants, décentralisés et ouverts que l'a été le Canada», dira-t-on, «car votre minorité ou vos minorités vont se retourner contre vous, menacer l'unité de votre pays, sinon le détruire.»

La tournée espagnole de M. Dion a été fort remarquée. Plusieurs journaux ont couvert ses conférences et il a multiplié les entrevues. Le quotidien El Pais a d'ailleurs titré qu'un référendum sur l'indépendance constituerait un «traumatisme social» selon M. Dion.

M. Dion a décliné notre demande entrevue, vendredi, affirmant ne pas vouloir s'immiscer dans l'élection provinciale. À l'instar de son chef Justin Trudeau, il appuie le Parti libéral de Philippe Couillard.