L'accord de libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud sera en vigueur dès 2015, souhaite le gouvernement Harper, et il s'appliquera à la presque totalité des biens fabriqués dans les deux pays.

Le gouvernement Harper entend mettre les bouchées doubles afin de ratifier rapidement le nouvel accord de libre-échange que le Canada vient de conclure avec la Corée du Sud. L'objectif est de reprendre l'importante part de marché que les entreprises canadiennes ont perdue en une seule année au profit de concurrents étrangers, notamment aux États-Unis.

Porte d'entrée de choix

Par cet accord, conclu après plusieurs tentatives ratées, le Canada s'offre enfin une porte d'entrée de choix sur le continent asiatique. Mais il arrive après que les États-Unis, l'Union européenne et l'Australie eurent paraphé leur propre entente de libre-échange.

Le premier ministre Stephen Harper est en visite officielle à Séoul depuis hier afin de signer formellement cet accord. Le gouvernement conservateur souhaite que l'entente entre en vigueur au début de l'année 2015, une date réaliste, étant donné qu'il est majoritaire à la Chambre des communes et qu'il n'aura pas besoin d'obtenir au préalable l'accord des provinces. Car contrairement à l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, celui avec la Corée ne touche pas des secteurs qui relèvent de la compétence des provinces.

Chose certaine, Ottawa espère que la signature de l'accord donnera aux entreprises canadiennes actives dans des secteurs aussi variés que l'agriculture, l'aérospatiale, les forêts, le textile et les pêches les coudées franches pour recouvrer les parts de marché perdues depuis deux ans.

La Corée du Sud est le septième partenaire commercial du Canada. En 2012, les exportations canadiennes vers la Corée se sont élevées à 3,7 milliards de dollars, alors que les importations en provenance de la Corée ont atteint 6,4 milliards. Mais en 2012, première année de l'entrée en vigueur de l'accord entre les États-Unis et la Corée, les exportations canadiennes vers ce pays ont chuté de manière brutale de 30%, ce qui représente une perte de 1,5 milliard.

Selon les termes de l'accord, la Corée du Sud éliminera les tarifs douaniers sur 98,2% des produits canadiens, et le Canada en fera autant sur 97,8% des produits fabriqués en Corée du Sud. Comme les tarifs imposés par la Corée sont en moyenne presque trois fois plus élevés que ceux du Canada (13,3% comparativement à 4,3%), les entreprises canadiennes pourront livrer une concurrence à armes égales avec celles de l'étranger.

Selon les calculs d'Ottawa, cet accord de libre-échange créera «des milliers d'emplois», permettra d'augmenter les exportations canadiennes de 32% et injectera 1,7 milliard dans l'économie canadienne.

Rappelons que le Canada et la Corée du Sud avaient entrepris des négociations de libre-échange en 2003. Mais les pourparlers ont été mis sur la glace après que la Corée eut imposé un embargo sur les importations de boeuf canadien dans la foulée de la découverte de cas de maladie de la vache folle en Alberta en 2008. L'embargo a été levé en 2012, mais les pourparlers ont repris seulement en novembre 2013.

Réactions favorables

Les réactions à la signature de cet accord ont été nombreuses et très majoritairement favorables. «Cet accord reconnaît l'énorme potentiel d'accroissement des liens en matière de commerce et d'investissement entre nos deux pays. J'ai la certitude que cet accord procurera à notre entreprise le soutien dont elle a besoin au moment où elle accroît ses activités commerciales dans les secteurs aéronautique et ferroviaire, et multiplie les partenariats en Corée du Sud», a affirmé Pierre Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier.

La multinationale québécoise est présente depuis quelques années en Corée. Elle a d'ailleurs construit un système de train léger urbain de 18 kilomètres reliant le métro de Séoul à un parc d'attractions situé dans la banlieue de Yongin.

Pour calmer les craintes de l'industrie automobile, concentrée en Ontario, l'accord prévoit que les droits de douane de 8% que la Corée du Sud applique aux produits automobiles canadiens seront éliminés dès l'entrée en vigueur de l'entente, alors que les droits de 6,1% du Canada seront supprimés progressivement sur une période de trois ans.

Mais selon certains experts, la disparition des tarifs aura peu d'incidence sur le secteur automobile, puisque 85% des véhicules fabriqués au Canada sont destinés au marché de l'exportation. En outre, 50% des voitures d'origine sud-coréenne vendues au Canada sont fabriquées aux États-Unis et ne sont assujetties à aucun tarif en raison du traité de libre-échange entre les deux pays.