Après avoir apparemment mis au rancart sa promesse électorale de fractionnement du revenu pour les familles, Stephen Harper a donné l'impression mardi d'être prêt à renouer avec cette proposition.

Cette politique fiscale semble être à nouveau source de tergiversations pour les conservateurs.

Lors de la campagne électorale de 2011, le fractionnement du revenu pour les familles avec enfants de 18 ans et moins avait été une promesse majeure des conservateurs. Celle-ci aurait permis au conjoint qui gagne le plus de transférer une partie de son salaire à celui qui est moins fortuné afin de payer moins d'impôts. La mesure devait être mise en oeuvre dès que l'équilibre budgétaire serait atteint.

Mais plus tôt ce mois-ci, le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait exprimé des doutes sur la politique, indiquant qu'il ne s'agissait peut-être pas de la meilleure façon d'aider les familles canadiennes.

Par la suite, le premier ministre n'avait pas voulu confirmer que le fractionnement du revenu irait de l'avant. Évitant soigneusement de prononcer les mots «fractionnement du revenu» (et «income-splitting» en anglais), M. Harper s'était mis à parler «d'économies d'impôts pour les familles» lorsqu'il était questionné à ce sujet.

Et tous ses ministres ont suivi son exemple. Sauf le puissant ministre Jason Kenney qui a maintenu un temps que le gouvernement tenait à toutes ses promesses électorales.

Mardi, aux Communes, en réponse à une question du chef libéral Justin Trudeau, le premier ministre semblait avoir changé de cap à nouveau.

«Le fractionnement du revenu a été une bonne politique pour les aînés au Canada, et il sera aussi une bonne politique pour les familles canadiennes», a déclaré M. Harper.

La phrase, prononcée en français, semble être passée inaperçue, ou avoir pris par surprise les conservateurs.

À leur sortie des Communes, plusieurs conservateurs interrogés, comme le leader du gouvernement à la Chambre, Peter Van Loan, et le député James Rajotte pensaient que le premier ministre faisait référence au fractionnement des pensions pour les aînés. Le ministre d'État aux Finances, Kevin Sorenson, s'est contenté de répéter la réponse convenue: «Les réductions d'impôts sont bonnes pour les familles canadiennes».

Peu avant sa réponse au chef libéral, M. Harper avait maintenu aux Communes mardi que le gouvernement allait «examiner les réductions de taxes et d'impôts pour les familles canadiennes quand le budget sera équilibré».

C'est en réponse à la troisième question que la volte-face est apparue.

Sur le fractionnement du revenu, les partis d'opposition s'en sont pris au gouvernement conservateur au cours des dernières semaines, lui demandant à plusieurs reprises s'il avait l'intention de tenir sa promesse électorale. Pas forcément parce qu'ils estiment qu'il s'agit d'une bonne politique, mais plutôt parce que les hésitations du gouvernement les aident à attaquer Stephen Harper en le faisant passer pour un chef qui n'est pas plus fiable que crédible.

Certains experts ont critiqué la politique fiscale proposée en 2011 car elle favoriserait les mieux nantis et non pas les familles à faible revenu.