Le chef du Parti libéral Justin Trudeau avertit ses troupes que la prochaine campagne électorale qui aura lieu en 2015 sera la plus vicieuse de l'histoire du pays.

Les conservateurs de Stephen Harper, a-t-il soutenu dans un discours devant quelque 3000 militants réunis à Montréal pour le congrès national du Parti libéral du Canada, ne ménageront aucun effort durant les prochaines élections pour attaquer sa crédibilité, son expérience et son jugement.

«Mes amis, préparons-nous. Préparons-nous à subir les attaques personnelles. Préparons-nous à ce que les conservateurs fassent de la prochaine campagne électorale la plus négative que ce pays ait connue. Je veux que vous soyez prêts à cela. Je sais que je le serai », a affirmé le chef libéral.

Voulant démontrer qu'il aura quelques répliques bien senties aux coups des conservateurs, M. Trudeau a déclaré: « Sois dit en passant, toute personne ayant nommé au Sénat Pamela Wallin, Mike Duffy et Patrick Brazeau ne devrait pas s'empresser de faire du jugement un enjeu de la campagne ». Ces propos ont été chaudement applaudis par les militants.

Nommés par Stephen Harper en janvier 2009, ces trois sénateurs ont fait l'objet d'une enquête policière parce qu'ils ont réclamé des dizaines de milliers de dollars en dépenses injustifiées. Ils ont été suspendus sans salaire du Sénat en octobre. Le mois dernier, des accusations de fraude et d'abus de confiance ont été déposées contre Patrick Brazeau. L'enquête policière concernant M. Duffy et Mme Wallin se poursuit.

Dans son discours attendu avec impatience par les troupes libérales, M. Trudeau est demeuré vague quant aux moyens qu'il envisage pour alléger le fardeau financier de la classe moyenne, devenu le cheval de bataille des libéraux depuis qu'il a été élu chef du PLC.

Mais M. Trudeau a catégoriquement écarté toute hausse des impôts ou des taxes pour financer de grands programmes nationaux. La classe moyenne, qui a du mal selon lui à tirer son épingle du jeu, ne pourrait pas encaisser une hausse de son fardeau fiscal selon lui.

Le chef libéral a aussi tenu à mettre en garde les militants libéraux qui voteront dimanche sur une série de résolutions qui pourraient entraîner des dépenses importantes comme la création d'un programme national de garderies, une hausse du transfert de la taxe de l'essence aux municipalités ou encore une nouvelle mouture de l'accord de Kelowna qui prévoyait six milliards d'investissements pour les peuples autochtones.

« Les Canadiens ne s'attendent pas à ce que le gouvernement fasse des miracles. Ils savent qu'il ne peut régler tous les problèmes. Ce à quoi ils s'attendent, et auquel ils ont droit de s'attendre, c'est que leur gouvernement les aide à avoir une vraie chance de réussir », a-t-il affirmé.

« Les gouvernements ne peuvent pas tout faire et ils ne devraient pas essayer de le faire. Mais ce qu'il fait, il doit bien le faire. (...) La discipline budgétaire est importante, mais une croissance soutenue est la seule voie vers des budgets équilibrés sur le long terme. Pour créer cette croissance, nous devons bien faire les choses dans les domaines qui comptent le plus », a-t-il ajouté.

M. Trudeau a donné en exemple les investissements dans l'éducation postsecondaire, l'innovation, la formation de la main-d'oeuvre et les infrastructures, entre autres.

Certes, certains de ces secteurs relèvent de la compétence des provinces. « Oui, je sais, parce que je suis un député du Québec et que je n'ignore pas le contenu de l'article 93 de la Constitution, l'éducation fait partie des compétences provinciales. Mais il y a beaucoup de choses que le gouvernement fédéral peut faire pour soutenir une politique provinciale », a-t-il dit.

Devant ses troupes, M. Trudeau a affirmé que son parti doit demeurer résolument en faveur de la libéralisation des échanges et préconiser le développement responsable des ressources naturelles.

«Oui, c'est une des responsabilités économiques fondamentales du premier ministre du Canada de contribuer à ouvrir les marchés étrangers à nos ressources. De plus en plus, le moyen d'y parvenir est une politique environnementale rigoureuse qui garantit à nos partenaires commerciaux que ces ressources sont exploitées de façon responsable. Nous devons entretenir de solides relations avec nos partenaires commerciaux, car lorsque nous avons des vues divergentes, nous pouvons respectueusement exprimer les  nôtres, sans mettre en danger des projets cruciaux d'importance nationale », dit M. Trudeau.

Le chef libéral faisait allusion au projet de construction du pipeline Keystone XL, qui est dans l'impasse parce que le président des États-Unis Barack Obama n'est pas pressé de l'approuver malgré les fortes pressions du premier ministre Stephen Harper.

Le congrès du Parti libéral prend fin dimanche.