Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, s'engage à diriger un gouvernement «responsable sur le plan fiscal» s'il prend le pouvoir, même s'il croit qu'Ottawa doit jouer un rôle plus actif pour soutenir la croissance économique et soulager le fardeau financier de la classe moyenne.

Quelque 3000 militants du Parti libéral du Canada venant des quatre coins du pays sont réunis à Montréal cette fin de semaine afin de débattre de plusieurs résolutions qui, si elles étaient adoptées, entraîneraient de nouvelles dépenses importantes pour le gouvernement fédéral.

Mais, dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Trudeau a tenu à mettre les choses en perspective: élu en 2015, un gouvernement libéral devrait tenir compte de l'état dans lequel les conservateurs de Stephen Harper laisseront les finances publiques.

«Les résolutions, ce sont des débats que nous voulons avoir. Mais nous avons toujours dit que ce serait fait en tenant compte de la réalité fiscale qu'on retrouvera en tant que gouvernement. Donc, oui, nous écoutons les militants. Nous sommes très intéressés par les débats. Mais on s'engage d'abord et avant tout à être responsables sur le plan fiscal», a-t-il déclaré.

Des libéraux ont proposé de remettre à l'ordre du jour la création d'un programme national de garderie et le défunt accord de Kelowna qui prévoyait des milliards d'investissements pour les peuples autochtones. Ils souhaitent aussi une bonification du Régime de pensions du Canada et une augmentation du montant du transfert de la taxe sur l'essence aux municipalités, entre autres choses.

Dans le discours qu'il prononcera aujourd'hui, le chef libéral doit donner plus de détails sur le remède qu'il veut administrer à l'économie canadienne afin de soulager le fardeau de la classe moyenne. Il a déjà dit espérer un meilleur taux de diplomation, des investissements «stratégiques» dans les infrastructures et un soutien accru aux nouveaux arrivants.

Relations avec Marois

Dans son discours d'ouverture du congrès, jeudi, M. Trudeau a dénoncé vivement le projet de Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois. En entrevue à La Presse, il a aussi dit que si les péquistes remportent un mandat majoritaire au Québec, ils devront tenir compte du fait que la priorité des Québécois n'est pas la souveraineté, mais les questions économiques.

«Quel que soit le résultat des éventuelles élections, il va falloir que le gouvernement du Québec se concentre sur l'économie et ait un partenaire au fédéral qui est prêt à bâtir une prospérité pour toutes les provinces et pour tous les citoyens», a déclaré le chef libéral.

Interrogé pour savoir comment l'élection d'un gouvernement majoritaire péquiste influencerait la dynamique fédérale, M. Trudeau a affirmé: «Ce n'est pas comment je m'entends avec la première ministre qui est important, c'est comment je bâtis un lien de confiance avec les Québécois, avec les gens d'un bout de ce pays à l'autre.»

M. Trudeau a souligné que c'est ce genre de relations que le premier ministre Stephen Harper est incapable d'entretenir avec quiconque ne partage pas sa vision politique. À titre d'exemple, il a affirmé que M. Harper «a récolté ce qu'il n'a pas semé» dans l'impasse du dossier de construction du pipeline Keystone aux États-Unis.

«M. Harper a énormément de difficulté à travailler avec quelqu'un qui ne partage pas son idéologie politique, que ce soient des premiers ministres, des maires, des présidents ou des leaders étrangers. Il ne travaille pas bien avec les autres. Je suis libéral et je ne le cache pas, mais je vais travailler avec le gouvernement qui se fera élire», a-t-il affirmé.

Harper, un déclencheur

Sur une note plus personnelle, M. Trudeau a ajouté que «c'est un peu grâce à la façon dont M. Harper mène son gouvernement et à son approche politique que je me suis rendu compte que pour être bon père de famille, il fallait que je serve mon pays. Il fallait que je conserve un meilleur avenir pour mes enfants que ce que M. Harper est en train de bâtir».

M. Trudeau et son épouse, Sophie Grégoire, attendent un troisième enfant d'un jour à l'autre. «Donc ce n'est pas malgré mes enfants que je fais de la politique. C'est pour mes enfants que je fais de la politique.»